En lien avec l'Institut Catholique de Paris et la Conférence des Évêques de France
La foi d’Abraham
Lorenzo Ghiberti (1378-1455), porte du paradis, du Dôme de Florence, 1425-1452
. Entreprise en 1425 et achevée en 1452, cette oeuvre est considérée comme l'acte fondateur de la Renaissance artistique. Vasari écrira, à son sujet, qu'il s'agissait de "la plus belle oeuvre qui se soit jamais vue au monde, tant chez les anciens que chez les modernes".
Ghiberti, ainsi que Donatello qui travailla également à cette porte, seront les initiateurs d'une sculpture permettant la représentation naturelle d'un grand nombre de figures placées dans un espace totalement nouveau. Le sculpteur utilise la perspective, et un relief de moins en moins accentué, pour disposer un grand nombre de personnages sur plusieurs plans.
Les dix panneaux de la Porte du Paradis illustrent des scènes tirées de l'Ancien Testament, de la Genèse au Livre des Rois.
La lecture s'opère de gauche à droite, et de haut en bas. Les trois premières scènes – Création et Histoire d'Adam et Eve / Histoire de Caïn et Abel / Histoire de Noé – introduisent les thèmes de la chute, du sacrifice et de la rédemption.
Les suivantes sont plus directement liées à l'histoire du salut et aux préfiguration du Messie : ainsi Abraham sur le point d'immoler son fils Isaac évoque le sacrifice de Jésus ; sont également représentés Esaü, Joseph, Moïse, Josué et David. La scène centrale du dernier panneau, la rencontre de Salomon et de la reine de Saba, évoque le mariage mystique de Jésus avec son église.
Ici, Ghiberti raconte l’histoire d'Abraham en plusieurs scènes : l’apparition des trois anges auxquels Abraham offre l’hospitalité en bas à gauche, sa femme Sarah sur le seuil de la tente en haut à gauche, la discussion entre Isaac et Ismaël (qui n’est pas biblique) en bas à droite, et le sacrifice d'Isaac dans la partie supérieure.
Chaque scène est racontée avec fraîcheur, les figures des anges sont « charmantes ». Ghiberti donne l’impression de représenter un beau rêve, montrant la foi profonde d’Abraham et l’effet que cette foi aura sur l’ensemble des nations.
Le texte biblique
Frères, devant la promesse de Dieu, Abraham ne tomba pas dans le doute et l'incrédulité: il trouva sa force dans la foi et rendit gloire à Dieu,
car il était pleinement convaincu que Dieu a la puissance d'accomplir ce qu'il a promis.
Et, comme le dit l'Écriture :
En raison de sa foi,
Dieu a estimé qu'il était juste.
En parlant ainsi de la foi d'Abraham, l'Écriture ne parle pas seulement de lui, mais aussi de nous ;
car Dieu nous estimera justes, puisque nous croyons en lui, qui a ressuscité d'entre les morts Jésus notre Seigneur,
livré pour nos fautes et ressuscité pour notre justification.
Rm 4,20-25
Commentaires
Ce passage est la deuxième partie d’une péricope où Paul montre la continuité entre Abraham et la communauté chrétienne qui l’entoure.
Dans la figure d’Abraham, Paul veut montrer l’égalité de tous, juifs et païens, devant Dieu.
En effet, devant Dieu nul ne peut se prévaloir d’aucun mérite et d’aucune distinction.
C’est la foi qui a rendu Abraham juste aux yeux de Dieu, avant même qu’il soit circoncis. Ainsi Paul affirme-t-il que c’est en raison de la confiance totale qu’il a faite à Dieu qu’Abraham est devenu le père et le modèle de tous les croyants, à la fois celui des Juifs et celui des nations païennes.
Dès lors les chrétiens venus des « nations » possèdent aussi un père, un peuple et une histoire.
Le don de la justice à Abraham vient du fait qu’il crut qu’il serait le père d’un grand nombre de peuples. Et il continua à faire confiance à Dieu lorsque celui-ci lui demanda de sacrifier son fils unique, Isaac : il ne perdit ni la foi ni l’espérance, « car il était pleinement convaincu que Dieu a la puissance d’accomplir ce qu’il a promis ». Pour Paul, Abraham de cette façon manifestait déjà qu’il avait foi en la résurrection des morts.
Ses descendants aussi, destinataires de la promesse (v. 13), seront justifiés en raison de leur foi. Comme Abraham ils croient en celui qui fait vivre les morts, comme Abraham ils sont reconnus justes par la foi seulement.
La fin du passage reprend une confession de foi héritée de la communauté primitive. Paul unit la mort de Jésus et sa résurrection, tout en présentant Jésus Christ comme celui qui, dans sa mort, accomplit la figure du Serviteur, livré pour les fautes des hommes, mais exalté et glorifié par Dieu (cf Is 53, 12).