En lien avec l'Institut Catholique de Paris et la Conférence des Évêques de France
La pureté des pharisiens
Repas chez Lazare (détail) Le Codex Aureus d'Echternach (Codex aureus Epternacencis) (Nuremberg, Germanisches Nationalmuseum, Hs. 156142) détail du repas chez le mauvais riche, Folio 78r . 11e siècle
Le Codex Aureus d'Echternach (Codex aureus Epternacencis) est un évangéliaire enluminé du Xe siècle. Il fut réalisé à l'abbaye d''Echternach sous l'abbé Humbert. Il comprend 13 planches en couleur et 96 planches en noir et blanc
Dans le Grand-Duché du Luxembourg actuel, à Echternach, l’abbaye bénédictine fondée par Saint Willibrord, abritait une école de peinture parmi les plus importantes et les plus influentes d’Europe au Xe et au XIe siècle. A son apogée, au 11ème siècle, les peintres enluminèrent toute une série de manuscrits de luxe destinés à l’exportation et contenant le plus souvent des textes liturgiques, presque tous réalisés sur commande du roi et de l’empereur salien Henri III (rg 1039-1056) , à l’exception de deux exemplaires dont celui du Codex Aureus destiné à l’usage interne.
Parmi les manuscrits enluminés de la période de l’art ottonien, l’évangéliaire d’Echternach, illustrant la vie du Christ tient une place prépondérante. L’éclat des pages ornementales et des plus de 500 initiales impressionne par la prodigalité de sa richesse.
La stylistique, la richesse des coloris, la clarté des formes sont manifestes dans cette planche qui raconte le repas chez le mauvais riche Les personnages sont représentés fermement avec une grande originalité caractéristique des peintres d’Echternach. .
Le calme et la noblesse caractérisent l’expression des personnages. Les couleurs sont douces, finesse et fraîcheur racontent simplement le récit évangélique. L’intérieur de la maison, le repas, les costumes, tout est impeccable… les rituels juifs ont été respectés. Le riche est vêtu de pourpre et de lin, et le pauvre Lazare couvert d’ulcères, qui aimerait l’aumône, est à l’extérieur, oublié par la famille du riche.
Le texte biblique
Comme Jésus parlait, un pharisien l'invita pour le repas de midi. Jésus entra chez lui et se mit à table.
Le pharisien fut étonné en voyant qu'il n'avait pas d'abord fait son ablution avant le repas.
Le Seigneur lui dit : « Bien sûr, vous les pharisiens, vous purifiez l'extérieur de la coupe et du plat, mais à l'intérieur vous êtes remplis de cupidité et de méchanceté.
Insensés ! Celui qui a fait l'extérieur n'a-t-il pas fait aussi l'intérieur ?
Donnez plutôt en aumônes ce que vous avez, et alors tout sera pur pour vous.
Lc 11, 37-41
Commentaires
Au cours de ce déjeuner chez un pharisien, Jésus profite de l’occasion pour marquer sa différence.
L’attachement aux marques extérieures de la pureté rituelle déclenche la vindicte de Jésus contre les pharisiens.
Dans sa réponse Jésus dresse une liste de reproches aux pharisiens à travers son hôte ;
Faisant porter le reproche sur l’opposition entre intérieur et extérieur, Jésus passe de la pratique rituelle au comportement éthique. L’ablution des mains et des ustensiles fait oublier l’impureté intérieure qui habite les pharisiens, cupidité et méchanceté.
Jésus prend l’image du potier qui façonne simultanément l’extérieur et l’intérieur d’une cruche : le Créateur est tout aussi préoccupé de l’intérieur de l’être humain que de son extérieur.
Et Luc fait conclure à Jésus que l’aumône se substitue à toutes les règles de pureté : pour qui donne aux pauvres, tout est pur, en rappel des paroles de Tobit « l’aumône purifie de tout péché » (Tb 12,9).
On peut souligner que Luc fait intervenir le SEIGNEUR , voulant insister sur l’autorité doctrinale de Jésus sur ce sujet de la pureté, qui était un sujet demeuré brûlant dans le christianisme primitif. Il s’adresse ici à des communautés dans lesquelles les différences sociales étaient grandes et devenaient des sujets de scandale !
Quelle leçon pour nous !