En lien avec l'Institut Catholique de Paris et la Conférence des Évêques de France
L’Immaculée Conception
Enguerrand Quarton, (1415-1466),
Retable Cadard
1444-1445 Musée Condé,
Chantilly
Ce
panneau représente Jean Cadard et sa femme Jeanne de Moulins, commanditaires du
retable, présentés à la Vierge de miséricorde par leur saints patrons, saint
Jean-Baptiste à gauche reconnaissable à son manteau en poils d’ animaux et
saint Jean l’ évangéliste à droite.
La Vierge de miséricorde
est un thème très répandu en France pendant la jeunesse de Quarton et il s’
apparente à des thèmes italiens et byzantins. On en retrouve de nombreuses
représentations en Provence.
La Vierge accueille dans son manteau tous
les hommes qui peuvent ainsi recevoir la miséricorde de Dieu. Tous par
l’intermédiaire de la Vierge Marie, louent Dieu pour cette élection
extraordinaire pour la réalisation du salut des hommes.
La douceur de la Vierge exprime cette
compassion qu’elle a pour les hommes, pour toute souffrance physique et morale.
Marie visitant Elisabeth n’a-t-elle pas proclamé que la miséricorde de Dieu
s’étendait de générations en générations ? La miséricorde infinie dont
elle été graciée la rend désireuse de partager cette miséricorde . Chaque homme accepte sa tendresse, son amour
en se réfugiant sous son manteau largement ouvert.
ainsi Marie ouvre le cœur des hommes à
la miséricorde de Dieu.
La
composition de base de ce retable est héritée de la tradition flamande, mais
Quarton l’ anime d’ une arabesque ornementale et d’ une lumière chaude et
méridionale, en faisant ainsi une oeuvre forte et originale, traduisant la
bénédiction spirituelle en Jésus Christ.
Le texte biblique
Béni soit Dieu, le Père de notre Seigneur Jésus
Christ.
Dans les cieux, il nous a comblés
de sa bénédiction spirituelle en Jésus
Christ.
En lui,
il nous a choisis avant la création du monde,
pour que nous soyons, dans l’amour,
saints et irréprochables sous son regard.
Il nous a d’avance destinés
à devenir pour lui des fils par Jésus Christ
:
voilà ce qu’il a voulu dans sa bienveillance,
à la louange de sa gloire,
de cette grâce dont il nous a comblés en son
Fils bien-aimé,
En lui,
Dieu nous a d’avance destinés à devenir son
peuple ;
car lui, qui réalise tout ce qu’il a décidé,
il a voulu que nous soyons
ceux qui d’avance avaient espéré dans le
Christ,
à la louange de sa gloire.
Eph 1,3-12
Commentaires
Ce
texte est le début de la lettre aux Ephésiens. Il s’agit d’une bénédiction
solennelle comme on en trouve dans l’Ancien Testament (Gn 14,19-20 ; Ex
18,10 etc..). il donne le ton à tout l’épître où abondent les méditations et
les formules de prières. La grande bénédiction fait écho au texte de Genèse
1 : elle loue Dieu pour la réalisation de son projet créateur et
sauveur : il a répandu sur tous
les hommes sans exception la totalité de ses bienfaits, de manière excellente
et définitive.
La liturgie tronque le
texte, nous recommandons à chacun de lire dans sa totalité. Mais elle laisse
apercevoir les mouvements principaux
de la bénédiction :
La formule
« béni soit » exprime l’admiration et la louange pour les
interventions de Dieu. Dans la prière juive Dieu est loué comme étant le Dieu
des Pères, ici il est célébré comme le Père de Notre Seigneur Jésus Christ.
Au
centre du texte apparaît l’événement de la rédemption, ce que Dieu accomplit
pour nous par Jésus-Christ son Fils bien aimé. Il est de toute éternité le Fils
que Dieu aime. De tout éternité, Dieu a destiné son Fils, Jésus-Christ à réunir en lui tous les hommes pour que
tous deviennent des fils.
Dieu nous a comblés de sa bénédiction spirituelle en
Jésus Christ. Il nous a choisis, c’est à dire élus. Ce choix est orienté vers
un but : « être sous son regard saints et irréprochables dans
l’amour ». la sainteté et la perfection auxquelles nous sommes conviés ne sont
autre qu’une entrée dans la pleine communion avec le Père et le Fils.
Notre élection est la manifestation
plénière de l’amour qui est en Dieu. Tous nous avons été choisis pour être
fils. Nous avons été « prédestinés » : le mot ne signifie pas que Dieu décide tout à l’avance ; il
est construit en grec sur un mot qui dit l’horizon, et il dit bien l’horizon
pour lequel Dieu nous a fait et vers lequel nous tendons : devenir des
fils, participant de sa vie et de sa gloire, un peuple de frères pour chanter
sa louange !