En lien avec l'Institut Catholique de Paris et la Conférence des Évêques de France
La Toussaint
L’échelle de saint Jean Climaque 1151-1200 (Couvent sainte-Catherine Sinaï)
Cette représentation de l’échelle de Climaque illustre le chef-d’œuvre de la littérature ascétique
byzantine dû à saint Jean Climaque, higoumène du monastère du Sinaï au viie siècle. Son ouvrage est non seulement un manuel
pratique et méthodique de vie spirituelle où l’âme s’élève vers Dieu par
degrés, comme sur une échelle, mais un
véritable traité de psychologie spirituelle dont la profondeur et la précision
des analyses est célèbre.
Cette icône du monastère
illustre le cheminement des enfants de Dieu qui recherchent la perfection pour
atteindre l’union à Dieu.
L’échelle Sainte où
on voit les moines se hisser pour arriver jusqu’à Dieu, la perfection, suit le
développement habituel de la vie spirituelle. En bas de l’échelle il faut quitter le monde des hommes, le monde qui
n’a pas reconnu Dieu, symbolisé par cette hutte où s’entassent les hommes qui
ne se sont pas engagés sur l’échelle. La démarche est difficile tant de démons
sont là pour retenir les hommes. Mais le renoncement et le dépouillement
déboucheront sur l’amour et la joie. Puis les hommes doivent avancer sur ce chemin
de perfection, celui des enfants de Dieu.
L’icône présente sous forme de ces petits diables les vices dont chacun doit se débarrasser pour se rendre pur et plus léger pour la montée : le texte de Jean de Climaque cite la colère, la gourmandise , la luxure, l’insensibilité ou la négligence, la vaine gloire et l’orgueil.
En haut de l’échelle l’homme atteint ce qu’il ne voyait pas clairement avant, l’union à Dieu, décrit à l’aide de quatre termes qui sont presque interchangeables : hésychia, silence, agapè, charité. En haut à gauche une série d’anges veille, les mains voilées en signe de respect pour la divinité.Le texte biblique
Mes bien-aimés,
voyez comme il est grand, l’amour dont le Père nous a comblés : il a voulu que
nous soyons appelés enfants de Dieu – et nous le sommes. Voilà pourquoi le
monde ne peut pas nous connaître : puisqu’il n’a pas découvert Dieu.
Bien-aimés,
dès maintenant, nous sommes enfants de Dieu, mais ce que nous serons ne paraît
pas encore clairement.
Nous le savons : lorsque le Fils de Dieu paraîtra, nous serons
semblables à lui
parce que nous le verrons tel qu’il est.
Et tout homme qui fonde sur lui une telle espérance se rend pur comme lui-même est pur.
(1Jn
3, 1-3)
Commentaires
La première lettre de Jean s’adresse à une communauté en pleine division, et
qui était en train de se perdre dans des querelles compliquées au sujet de Jésus Christ le Verbe de Dieu.
C’est pourquoi l’auteur insiste d’abord sur la reconnaissance émerveillée de ce
qui nous a été donné en Jésus Christ : « il est grand l’amour dont le Père
nous a comblés » ! Nous devrions toujours commencer par cette
reconnaissance et cet éblouissement : « il a voulu que nous soyons
appelés enfants de Dieu et nous le sommes ! »
Enfants de Dieu, qu’est-ce cela veut dire ? L’auteur de la lettre renvoie les destinataires à la confession de foi exprimée dans le prologue de l’évangile de Jean « Il était la lumière véritable qui illumine tout homme venant dans le monde… et à tous ceux qui l’ont reçu, il leur a donné le pouvoir de devenir enfants de Dieu » (Jn 1,12). C’est le Christ, le Fils lui-même, qui a donné ce pouvoir, lui qui a accompli le dessein de Dieu jusqu’à la victoire sur le mort, lui dont la communauté johannique dont fait partie notre auteur, chante la gloire. La réalisation du projet d’amour divin se trouve dans la venue du Christ dans la chair, dans le monde, homme au milieu des hommes, homme livré aux hommes.
Mais le monde ne l’a pas reconnu, il ne l’a pas accueilli ; le monde a donc aussi une attitude hostile à l’égard des croyants, à l’égard des disciples du Christ. Cela fait aussi écho au prologue de l’évangile de Jean (Jn 1,10)
L’auteur attire notre attention sur un point : déjà nous sommes enfants de Dieu, déjà nous sommes invités à devenir parfaits comme Dieu est parfait, à ressembler parfaitement au Fils. Alors s’ouvre pour nous une perspective eschatologique : appuyés sur la certitude que nous sommes aimés, nous pouvons tourner avec confiance notre regard vers l’avenir, « ce que nous serons ne paraît pas encore clairement. ». L’avenir du chrétien est tourné vers le visage du Christ, le Fils unique de Dieu « lorsque le Fils de Dieu paraîtra, nous serons semblables à lui, car nous le verrons tel qu’il est. ».
Cela a pour conséquence que tout homme qui fonde sur lui une telle espérance, peut entrer sans crainte et dès maintenant dans un chemin de conformation au Fils, et ce chemin passe par l’amour fraternel, jusqu’au don total de soi. C’est cela que signifie : « se rendre pur comme lui-même est pur »