En lien avec l'Institut Catholique de Paris et la Conférence des Évêques de France
Dimanche de Pâques : le tombeau vide
Eugène BURNAND ( peintre romand) (1850-1921), 1898. Musée d’Orsay. Les disciples Pierre et Jean courant au sépulcre le matin de la Résurrection. Leurs attitudes sont caractéristiques de leurs réactions devant le tombeau vide. Pierre, excité, échevelé, le regard fixe, les mains fermes, l’index pointé sur ce qu’il va voir, la tunique aux couleurs de la terre ; l’autre disciple,le « disciple bien aim
.é », plus jeune, habillé d’une tunique d’un blanc pur, les mains jointes en prière, les yeux mi clos , prêts à voir l’invisible, l’incompréhensible.
Le texte biblique
Dans ce passage nous sommes en présence de 3 personnages : Marie-Madeleine, Pierre et l’autre disciple, Jésus n’intervient que dans les versets suivant notre texte lors de l’apparition à Madeleine. Il y a une progression des signes révélant la Résurrection de Jésus : Marie voit que la pierre du tombeau a été enlevée, l’autre disciple voit les bandelettes ( linceul) posées là, Pierre voit les bandelettes et le linge, et enfin l’autre disciple voit et croit. Ainsi s’opère le passage du « voir » au « croire ».
La démarche au tombeau de Marie-Madeleine, la plus aimante et à cause de cela la plus active (Saint Augustin : « De consensu evangelistarum », III 12), est une démarche de tendresse et de pitié (chez Jean l’onction a été faite la veille du sabbat par deux hommes) pour retarder la séparation avec Jésus et prolonger le deuil. Les circonstances évoquent la nuit (de la mort) et un commencement (le premier jour). La pierre du tombeau a été enlevée. Comme les autres évangélistes Jean préserve le mystère de l’intervention de Dieu qui s’est déroulé sans témoin, avant la venue de Madeleine.
Pierre et l’autre disciple, celui que Jésus aimait, ont été proches de Jésus depuis le début de la Passion, proximité douloureuse pour Pierre dans sa trahison, fidèle chez l’autre disciple, au pied de la croix auprès de Marie. Ils sont encore là, ils traversent un petit jardin, en contrebas du Golgotha, ils se précipitent au tombeau. Le disciple regarde rapidement, pour lui, « il y avait là une preuve évidente que le corps de Jésus n'avait pas été dérobé. Celui qui l'aurait dérobé n'aurait pas pris la précaution de le dépouiller de ces linges, que l'embaumement faisait adhérer au corps. On n'aurait pas pris la précaution de plier les linges avec tant de soin, et de mettre à part le suaire qui avait enveloppé la tête. Tout cela avait été fait avec un grand calme » (Jean Chrysostome : Homélie LXXXV sur l´évangile selon Saint Jean, 4). Il laisse Pierre entrer le premier car Pierre jouit de la primauté dans le groupe des douze. Pierre voit les linges, mais à la différence de l’autre disciple il ne croit pas tout de suite. Ce dernier voit les mêmes choses que Pierre, les signes de l’absence, mais il a une autre primauté, celle de l’amour, et l’amour fait entrer d’emblée dans la foi. Il voit dans ces signes l’assurance que Jésus est vainqueur, Jésus est vivant avec son corps, il est vivant auprès de Dieu. Le disciple voit et croit, et il n’a pas besoin pour cela de comprendre l’Ecriture : modèle de la foi pure. D’autres, comme Pierre ou comme Thomas, auront besoin d’une rencontre personnelle avec le Ressuscité pour croire. Enfin les générations suivantes recevront l’Esprit qui ouvre l’intelligence de l’Ecriture, ils n’auront plus besoin de voir d’abord, ils croiront en s’appuyant sur la parole de Dieu . C’est à cela que nous sommes conviés.
Commentaires
Après la mort de Jésus, le premier jour de la semaine, Marie-Madeleine se rendit au tombeau de grand matin, alors qu'il faisait encore sombre . Elle vit que la pierre avait été enlevée du tombeau. Elle courut donc trouver Simon-Pierre et l'autre disciple, celui que Jésus aimait, et elle leur dit : « On a enlevé le Seigneur de son tombeau, et nous ne savons pas où on l'a mis.»
Pierre partit donc avec l'autre disciple pour se rendre au tombeau. Ils couraient tous les deux ensemble, mais l'autre disciple courut plus vite que Pierre et arriva le premier au tombeau. En se penchant, il vit que le linceul était resté là ; cependant il n'entra pas. Simon-Pierre, qui le suivait, arriva à son tour. Il entra dans le tombeau, et il regarda le linceul resté là, et le linge qui avait recouvert la tête, non pas posé avec le linceul, mais roulé à part à sa place.
C'est alors qu'entra l'autre disciple, lui qui était arrivé le premier au tombeau. Il vit et il crut. Jusque-là, en effet, les disciples n'avaient pas vu que, d'après l´Ecriture, il fallait que Jésus ressuscitât d'entre les morts.
Jn 20,1-9