En lien avec l'Institut Catholique de Paris et la Conférence des Évêques de France
Prendre sa croix
Le Titien, 1485-1576) Le Christ et Simon le Cyrénéen, Ca. 1560 , Musée du Prado, Madrid
Le Titien a réalisé deux versions de cet épisode racontant comment Simon de Cyrène a été appelé pour aider Jésus à porter sa croix, premier exemple de disciple suivant Jésus en « prenant » sa croix
Cette version est d’une force narrative impressionnante. Jésus est tombé, genoux à terre et sa main gauche s’appuie sur une pierre (sur laquelle est la signature de l’artiste).
La composition en frise se détache sur un fond très sombre neutre , le cadrage est serré et dramatique.
Le visage de Jésus est torturé, humain, seuls quelques rayons lumineux autour de sa tête rappellent son caractère divin. Simon de Cyrène se penche vers lui pour partager le fardeau de la croix.
Jésus et Simon échangent leurs regards, ils sont ensemble, ils portent ensemble la croix.
Ils sont proches, de part et d’autre du bois de la croix posé en diagonale.
Le texte biblique
Alors Jésus dit à ses disciples : « Si quelqu’un veut marcher à ma suite, qu’il renonce à lui-même, qu’il prenne sa croix et qu’il me suive.
Car celui qui veut sauver sa vie la perdra, mais qui perd sa vie à cause de moi la trouvera.
Quel avantage, en effet, un homme aura-t-il à gagner le monde entier, si c’est au prix de sa vie ? Et que pourra-t-il donner en échange de sa vie ?
Car le Fils de l’homme va venir avec ses anges dans la gloire de son Père ; alors il rendra à chacun selon sa conduite.
Amen, je vous le dis : parmi ceux qui sont ici, certains ne connaîtront pas la mort avant d’avoir vu le Fils de l’homme venir dans son Règne. »
Mt 16, 24-28
Commentaires
Jésus demande aux disciples de « prendre sa croix », expression qui a été forgée à partir de la mort de Jésus sur la croix. Paul dans sa lettre aux Galates, rappelle que « ceux qui sont au Christ Jésus ont crucifié en eux la chair, avec ses passions et ses convoitises ». (Ga 5,24).
Jésus appelle à le suivre comme étant soi-même un crucifié, comme le dit Paul (Ga 2,19).
Cela paraît scandaleux dans un monde où les croix se dressaient. Le disciple devient le rebut méprisé d’une société, maudit par le monde juif.
Les disciples sont appelés au reniement de soi. Vouloir se construire soi-même, sauver sa vie, est une tentative vouée à l’échec. Au contraire prendre sa « vie », à savoir l’image que l’on a de soi, à cause du Christ, c’est recevoir la vie véritable.
Un homme peut gagner le monde entier et dans le même temps perdre sa vie, ne va pas trouver sens à son existence.
Puis Jésus ouvre sur une perspective eschatologique : le Fils de l’Homme rendra à chacun selon sa conduite, selon la compréhension qu’il aura de son existence.
Cette expression « prendre sa croix » ouvre le chemin d’amour, de la vie donnée, et rendue par Dieu en plénitude.