En lien avec l'Institut Catholique de Paris et la Conférence des Évêques de France
Esclaves et maîtres
Mosaïque des échansons, Dougga, Tunisie 3e s ap JC, musée du Bardo, Tunisie
La ville de Dougga en Tunisie a été la capitale de l’état libyco-punique. Elle a prospéré sous la domination romaine et byzantine mais a décliné au cours de la période islamique. Les ruines actuelles témoignent la richesse d’une petite ville romaine aux frontières de l’Empire. Des monuments imposants ont fait sa renommée : mausolées, capitole, théâtre temples.
De magnifiques mosaïques ont été dégagées.
Ici une scène de beuverie : deux grands esclaves servent à boire à deux maîtres, beaucoup plus petits, à partir d’une amphore posée sur leur épaule.
Sur les deux amphores sont inscrites en grec les formules PIE (« bois ! » ) et ZHCHC (« tu vivras »).
Les porteurs de jarres à vin, sont vêtus de vêtements typiques d’esclaves et apportent aussi l’un, une branche de laurier et l’autre, une jarre supplémentaire.
Sur les côtés se trouvent deux autres personnages ; l’un apporte une branche de laurier et un panier de roses, et l’autre de l’eau et des serviettes
Cette représentation est une forme de bienvenue pour les invités et une promesse de bon accueil.
Le texte biblique
Vous, les enfants, obéissez à vos parents dans le Seigneur, car c’est cela qui est juste :
Honore ton père et ta mère, c’est le premier commandement qui soit assorti d’une promesse :
ainsi tu seras heureux et tu auras longue vie sur la terre.
Et vous, les parents, ne poussez pas vos enfants à la colère, mais élevez-les en leur donnant une éducation et des avertissements inspirés par le Seigneur.
Vous, les esclaves, obéissez à vos maîtres d’ici-bas comme au Christ, avec crainte et profond respect, dans la simplicité de votre cœur.
Ne le faites pas seulement sous leurs yeux, par souci de plaire à des hommes, mais comme des esclaves du Christ qui accomplissent la volonté de Dieu de tout leur cœur,
et qui font leur travail d’esclaves volontiers, comme pour le Seigneur et non pas pour des hommes.
Car vous savez bien que chacun, qu’il soit esclave ou libre, sera rétribué par le Seigneur selon le bien qu’il aura fait.
Et vous, les maîtres, agissez de même avec vos esclaves, laissez de côté les menaces. Car vous savez bien que, pour eux comme pour vous, le Maître est dans le ciel, et il est impartial envers les personnes.
Eph 6, 1-9
Commentaires
Quand nous l’entendons à la messe, ce texte est souvent l’origine de sourires échangés quant à l’attitude des enfants et des parents.. mais il peut aussi nous scandaliser quant à l’attitude de soumission demandée aux esclaves en vue d’une récompense du ciel… un ordre social qui profiterait aux maîtres.
L’auteur s’appuie d’abord sur le Décalogue, les dix paroles ; et il rappelle que tout dans nos relations humaines doit être comme animé de l’intérieur par la reconnaissance d’un unique Seigneur:que chacun respecte l’autre comme un être béni et aimé par Dieu et qui lui a été confié, au rang familial ou social où il se trouve.
Certes, dans l’Empire romain il était impensable de mettre en cause le système de l’esclavage, qui était le fondement de la prospérité de l’Empire. Cela ne signifie pas qu’on puisse exploiter des esclaves en leur faisant miroiter une récompense future. Au contraire le texte rappelle que les esclaves comme les maîtres ont en fait le même Maître et Seigneur, Dieu qui ne tient aucun compte du rang social, et qui est pour tous à la fois le juge et le Père aimant.
De ce fait, dans la société chrétienne, au quotidien, les relations entre les hommes et les femmes de rang social différent sont profondément transformées. Chacun s’efforce de faire la volonté de Dieu qui le regarde et qui lui donne la force d’accomplir sa tâche.
Sont promus des liens de considération, de fraternité, d’amour entre tous, et le respect de chacun quel que soit son statut social, esclave ou maître.