En lien avec l'Institut Catholique de Paris et la Conférence des Évêques de France
La Synodalité : Prendre la parole
Marc Chagall, 1887-1985, Le prophète Isaïe, 1968, Musée national Marc Chagall, Nice
Chagall évoque ici, dans un festival magnifique de couleurs, un passage de la vocation d’Isaïe, et de la purification de ses lèvres.
Au centre, Isaïe, l’air triste, le visage vert, tenant dans la main le rouleau de la Parole, semble s’agenouiller humblement s’estimant incapable de prendre la parole :
« Malheur à moi ! Je suis perdu, car je suis un homme aux lèvres impures ».
Ce langage est à la fois éthique et religieux, c’est la situation de l’homme face au Dieu trois fois saint évoqué dans la vision qui précède notre passage du livre d’Isaïe.
Mais Dieu, par l’intermédiaire de l’ange, vient à son secours.
Par le geste symbolique de la braise prise au feu de l’autel et portée par l’ange, Isaïe est purifié.
Chagall décrit un ange qui empoigne dans ses bras le visage du prophètes ; il a six grandes ailes, conformément au récit ; il applique la braise sur les lèvres de Isaïe pour les « purifier », le rendre capable de parler.
Son bras gauche fait signe vers un motif difficile à interpréter.
En bas à droite, le motif de la Vierge à l’enfant pourrait faire allusion à la prophétie d’Isaïe décrite au chapitre suivant : « C’est pourquoi le Seigneur lui-même vous donnera un signe : Voici que la vierge est enceinte, elle enfantera un fils, qu’elle appellera Emmanuel (c’est-à-dire : Dieu-avec-nous » (Is 7,14).
Au-dessus, une illustration de la prophétie de la paix messianique du chapitre 11 évoque le paradis retrouvé.
Isaïe va devenir solidaire de son peuple, comme nous tous nous sommes ou devrions être solidaires les uns des autres.
Isaïe ainsi purifié, est libéré, s’avance et se porte volontaire pour l’oeuvre de Dieu.
Sa réponse, d’une force étonnante dans sa simplicité, rappelle celle du psalmiste :
« Tu ne voulais ni offrande ni sacrifice, tu as ouvert mes oreilles ; tu ne demandais ni holocauste ni victime, alors j’ai dit : ‘Voici, je viens. Dans le livre, est écrit pour moi ce que tu veux que je fasse. Mon Dieu, voilà ce que j’aime : ta Loi me tient aux entrailles. J’annonce la justice dans la grande assemblée ; vois, je ne retiens pas mes lèvres, Seigneur, tu le sais. » (Ps 39,7-9)
Le texte biblique
Lecture du livre d’Isaïe (Is 6, 5-8)
Je dis alors : « Malheur à moi ! je suis perdu, car je suis un homme aux lèvres impures, j’habite au milieu d’un peuple aux lèvres impures : et mes yeux ont vu le Roi, le Seigneur de l’univers ! »
L’un des séraphins vola vers moi, tenant un charbon brûlant qu’il avait pris avec des pinces sur l’autel.
Il l’approcha de ma bouche et dit : « Ceci a touché tes lèvres, et maintenant ta faute est enlevée, ton péché est pardonné. »
J’entendis alors la voix du Seigneur qui disait : « Qui enverrai-je ? qui sera notre messager ? » Et j’ai répondu : « Me voici : envoie-moi ! »
Is 6, 5-8
Commentaires
Tous sont invités à parler avec courage et en toute liberté, en vérité et charité.
Qu’est-ce qui permet ou empêche de prendre la parole avec courage et de manière responsable dans notre Église locale et dans la société ?
Quand et comment parvenons-nous à dire ce qui est important pour nous ?
Comment fonctionne la relation avec les médias locaux (pas seulement les médias catholiques) ?
Qui parle au nom de la communauté chrétienne, et comment sont-ils choisis?
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Ainsi, nous aussi, sommes appelés à prendre la parole avec l’aide de l’Esprit Saint, et à partager nos responsabilités.
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