En lien avec l'Institut Catholique de Paris et la Conférence des Évêques de France
Le repos de Dieu
Auguste Rodin, 1840-1917, la main de Dieu, 1896, musée Rodin
De cette main, elle-même encore prise en partie dans le marbre, émergent des silhouettes d’un homme et d’une femme paisiblement enlacés. Il y a là une évocation de la création des premiers êtres humains. Dieu crée d’une main forte faisant sortir du bloc de marbre des créatures parfaites finement policées. Le bonheur offert par Dieu est infini, il reste promis au-delà du soupçon et de la transgression.
Rodin joue du contraste entre les parties très polies et le marbre brut. Cela fait écho au travail de Michel Ange pour qui la sculpture cachée dans le bloc de marbre devait en être extraite par le travail du sculpteur.
Le texte biblique
Craignons donc, tant que demeure la promesse d’entrer dans le repos de Dieu, craignons que l’un d’entre vous n’arrive, en quelque sorte, trop tard.
Certes, nous avons reçu une Bonne Nouvelle, comme ces gens-là ; cependant, la parole entendue ne leur servit à rien, parce qu’elle ne fut pas accueillie avec foi par ses auditeurs.
Mais nous qui sommes venus à la foi, nous entrons dans le repos dont il est dit : Dans ma colère, j’en ai fait le serment : On verra bien s’ils entreront dans mon repos ! Le travail de Dieu, assurément, était accompli depuis la fondation du monde,
comme l’Écriture le dit à propos du septième jour : Et Dieu se reposa le septième jour de tout son travail.
Et dans le psaume, de nouveau : On verra bien s’ils entreront dans mon repos !
Empressons-nous donc d’entrer dans ce repos-là, afin que plus personne ne tombe en suivant l’exemple de ceux qui ont refusé de croire.
He 4, 1-5.11
Commentaires
L’auteur de la lettre aux Hébreux commente le psaume 95 et affirme qu’une promesse d’entrer dans le repos de Dieu continue à exister, ce qui pourrait paraître en contradiction avec ce que dit le psaume ! « Quarante ans leur génération m’a déçu, et j’ai dit : Ce peuple a le cœur égaré, il n’a pas connu mes chemins. Dans ma colère, j’en ai fait le serment : Jamais ils n’entreront dans mon repos. » (Ps 95, 10-11).
Il faut rappeler l’épisode relaté dans le livre des Nombres, l’entrée au pays de Canaan : le peuple est d’abord méfiant et réticent, ce qui entraîne la condamnation de la première génération ; mais la promesse de Dieu demeure pour la génération suivante : « Mais vos enfants, ceux dont vous aviez dit qu’ils deviendraient un butin, je les y ferai entrer et ils connaîtront le pays que vous avez dédaigné. » (Nb 14,31). Les disciples ont ainsi une possibilité d’entrer dans le repos de Dieu.
Que signifie ce « repos de Dieu » ? Pour le peuple dans le désert il s’agissait de l’entrée dans la terre promise. (Cf le psaume 131,8). Mais ce repos de Dieu peut prendre un sens moins matériel, celui d’une participation au bonheur même de Dieu, celui évoqué dans la Genèse à la fin du récit de la création (Gn 2,2), Dieu s’arrête, il « se repose » pour bénir ! Participer au repos de Dieu, c’est donc accueillir le quotidien comme don de Dieu dans la sérénité et la louange ; entrer dans un repos qui est la paix spirituelle que l’on goûte dans l’union à Dieu.
L’auteur de la lettre aux Hébreux rappelle aux chrétiens que le repos de Dieu leur est ouvert : c’est par la foi qu’on entre dans le repos, par une remise de soi à Dieu, à la suite du Christ.