En lien avec l'Institut Catholique de Paris et la Conférence des Évêques de France
Avent, Fratelli Tutti (1)
Pour cheminer vers Noël, le CETAD propose de relire la parabole du Samaritain à la manière du Pape François dans son encyclique Fratelli Tutti. Nous vous proposons chaque semaine une représentation artistique commentée, le texte évangélique et la méditation du Pape.
Bon avent, dans un esprit d’amitié, de fraternité, de partage, de joie et d’espérance.
1. La force d’une parabole
He Qi, (contemporain), le bon samaritain, coll part
He Qi, professeur de Philosophie à l’Université de Nanjing (Chine du Sud) ainsi que professeur de théologie, est aussi un artiste contemporain.
Désireux de remplacer les images chrétiennes importées de l’étranger par des œuvres dans lesquelles s’exprimerait un nouveau langage pictural propre à la Chine.
Son œuvre artistique a l’objectif d’intégrer la Bible à la culture chinoise. Il veut changer la perception chinoise que le christianisme est quelque chose d’étranger. Cette façon de faire ressemble à ce qui s’est passé avec le bouddhisme qui est entré en Chine par la voie de l’art.
Son travail plastique allie les techniques traditionnelles de la peinture chinoise à celles venues d’Occident, du Moyen Age à nos jours.
Peignant sous format carré, il offre à notre regard des scènes bibliques d’un style nouveau, coloré et aux formes inspirées par l’art populaire chinois.
Du bon Samaritain, au Cantique des cantiques, toutes les pages importantes de la Bible sont représentées.
Le trio, du samaritain, le voyageur attaqué par les bandits et l’âne occupe tout le premier plan du tableau, de taille disproportionnée sur le paysage. Ils sont tous présentés dans des habits colorés , seule leur coiffe les distingue, sans doute pour insister sur leurs nationalités différentes.
Le samaritain, bien de face montre simplement ce qu’il fait.
Il a ramassé le voyageur, l’a hissé sur son âne. Il est présenté fatigué, le visage verdâtre et affalé sur l’âne, la tête pendante.
L’animal participe à la scène, il paraît tout joyeux de l’œuvre accomplie.
Le paysage est composé de montagnes d’un dessin aussi géométrique dont les couleurs vont en se dégradant depuis des teintes naturelles jusqu’à des mauves qui rejoignent le ciel. Cela évoque le long voyage qu’ont fait les voyageurs.
Les passants ne sont pas oubliés. Deux personnages présentés tout petits. L’un proche, habillé de vêtements clairs tourne le dos, les bras écartés, veut il nous signifier qu’il ne peut rien faire ? L’autre un peu plus loin, se tourne vers le ciel, il doit prier son Dieu.
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Le Pape François adresse cette lettre Fratelli Tutti à toutes les personnes de bonne volonté, quelques soient leur convictions religieuses, chacun peut se laisser interpeller par cette parabole du bon samaritain, traitant de la fraternité et de l’amitié sociale. La force de cette parabole est de garder toute son actualité. Aujourd’hui encore ils sont nombreux ceux et celles qui tombent sur le chemin, souvent dans l’indifférence alors qu’ils ont besoin d’aide.
Le Pape François demande a chacun de nous de nous identifier aux personnages de la parabole.
Le texte biblique
Et voici qu’un docteur de la Loi se leva et mit Jésus à l’épreuve en disant : « Maître, que dois-je faire pour avoir en héritage la vie éternelle ? »
Jésus lui demanda : « Dans la Loi, qu’y a-t-il d’écrit ? Et comment lis-tu ? »
L’autre répondit : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme, de toute ta force et de toute ton intelligence, et ton prochain comme toi-même. »
Jésus lui dit : « Tu as répondu correctement. Fais ainsi et tu vivras. »
Mais lui, voulant se justifier, dit à Jésus : « Et qui est mon prochain ? »
Jésus reprit la parole : « Un homme descendait de Jérusalem à Jéricho, et il tomba sur des bandits ; ceux-ci, après l’avoir dépouillé et roué de coups, s’en allèrent, le laissant à moitié mort.
Par hasard, un prêtre descendait par ce chemin ; il le vit et passa de l’autre côté.
De même un lévite arriva à cet endroit ; il le vit et passa de l’autre côté.
Mais un Samaritain, qui était en route, arriva près de lui ; il le vit et fut saisi de compassion.
Il s’approcha, et pansa ses blessures en y versant de l’huile et du vin ; puis il le chargea sur sa propre monture, le conduisit dans une auberge et prit soin de lui.
Le lendemain, il sortit deux pièces d’argent, et les donna à l’aubergiste, en lui disant : “Prends soin de lui ; tout ce que tu auras dépensé en plus, je te le rendrai quand je repasserai.”
Lequel des trois, à ton avis, a été le prochain de l’homme tombé aux mains des bandits ? »
Le docteur de la Loi répondit : « Celui qui a fait preuve de pitié envers lui. » Jésus lui dit : « Va, et toi aussi, fais de même. »
Lc 10, 25-37
Commentaires
Même cette proposition d’amour pouvait être mal comprise. Ce n’est pas pour rien que, face à la tentation des premières communautés chrétiennes de créer des groupes fermés et isolés, saint Paul exhortait ses disciples à vivre l’amour entre eux « et envers tous » (1 Th 3, 12), et que, dans la communauté de Jean, il était demandé de bien accueillir les frères « bien que ce soient des étrangers » (3 Jn 5).
Ce contexte aide à comprendre la valeur de la parabole du bon Samaritain : il importe peu à l’amour que le frère blessé soit d’ici ou de là-bas. En effet, c’est l’« amour qui brise les chaînes qui nous isolent et qui nous séparent en jetant des ponts ; un amour qui nous permet de construire une grande famille où nous pouvons tous nous sentir chez nous. […] Un amour qui a saveur de compassion et de dignité ».
Fratelli Tutti n° 62