En lien avec l'Institut Catholique de Paris et la Conférence des Évêques de France
Le sacrifice d’Elie au mont Carmel
Domenico Fetti (1589-1623) Le scrifiuce d’Elie devant les pretres de Baal, vers 1621-22, Royal Collection Trust, Londres
Domenico Fetti est un peintre italien baroque du début du 17e. Il travailla a la cour de Mantoue, où il fut influencé par les styles d’un ensemble de peintres, en particulier Rubens et les Vénitiens du
16e siècle, et grâce à cela il développa un style de peinture très original. Installé à Venise son coloris s’éclaira, il se consacra à des peintures religieuses qui feront sa renommée.
Son pinceau est léger, sa peinture est lumineuse.
Ce tableau d’Elie devant les prêtres de Baal est sans doute une étude pour réaliser une plus grande peinture qu’on n’a jamais retrouvée, au moment où Fetti s’installa à Venise en 1622. On y voit une exécution rapide, permettant de donner une belle dynamique aux personnages. Elie, à droite, s’agenouille devant l’autel, lève les yeux vers le feu divin qui descend vers le sacrifice. Les adorateurs de Baal reculent d’horreur réalisant qu’ils se sont laissés entraîner vers Baal
Le texte biblique
Le roi Acab convoqua tout Israël
et réunit les prophètes de Baal sur le mont Carmel.
Élie se présenta devant la foule et dit :
« Combien de temps allez-vous danser
pour l’un et pour l’autre ?
Si c’est le Seigneur qui est Dieu, suivez le Seigneur ;
si c’est Baal, suivez Baal. »
Et la foule ne répondit mot.
Élie continua :
« Moi, je suis le seul qui reste des prophètes du Seigneur,
tandis que les prophètes de Baal sont quatre cent cinquante.
Amenez-nous deux jeunes taureaux ;
qu’ils en choisissent un,
qu’ils le dépècent et le placent sur le bûcher,
mais qu’ils n’y mettent pas le feu.
Moi, je préparerai l’autre taureau,
je le placerai sur le bûcher,
mais je n’y mettrai pas le feu.
Vous invoquerez le nom de votre dieu,
et moi, j’invoquerai le nom du Seigneur :
le dieu qui répondra par le feu,
c’est lui qui est Dieu. »
La foule répondit :
« C’est d’accord. »
Élie dit alors aux prophètes de Baal :
« Choisissez votre taureau et commencez,
car vous êtes les plus nombreux.
Invoquez le nom de votre dieu,
mais ne mettez pas le feu. »
Ils prirent le taureau et le préparèrent,
et ils invoquèrent le nom de Baal
depuis le matin jusqu’au milieu du jour,
en disant :
« ô Baal, réponds-nous ! »
Mais il n’y eut ni voix ni réponse ;
et ils dansaient devant l’autel qu’ils avaient dressé.
Au milieu du jour, Élie se moqua d’eux en disant :
« Criez plus fort, puisque c’est un dieu :t
il a des soucis ou des affaires,
ou bien il est en voyage ;
il dort peut-être, mais il va se réveiller ! »
Ils crièrent donc plus fort
et, selon leur coutume, ils se tailladèrent jusqu’au sang
avec des épées et des lances.
Dans l’après-midi, ils se livrèrent à des transes prophétiques
jusqu’à l’heure du sacrifice du soir,
mais il n’y eut ni voix, ni réponse, ni le moindre signe.
Alors Élie dit à la foule :
« Approchez. »
Et toute la foule s’approcha de lui.
Il releva l’autel du Seigneur, qui avait été démoli.
Il prit douze pierres,
selon le nombre des tribus des fils de Jacob
à qui le Seigneur avait dit :
« Ton nom sera Israël. »
Avec ces pierres il érigea un autel au Seigneur.
Il creusa autour de l’autel
une rigole d’une capacité d’environ trente litres.
Il disposa le bois,
dépeça le taureau et le plaça sur le bûcher.
Puis il dit :
« Emplissez d’eau quatre cruches,
et versez-les sur la victime et sur le bois. »
Et l’on fit ainsi.
Il dit :
« Une deuxième fois ! »
Et l’on recommença.
Il dit :
« Une troisième fois ! »
Et l’on recommença encore.
L’eau ruissela autour de l’autel,
et la rigole elle-même fut remplie d’eau.
À l’heure du sacrifice du soir,
Élie le prophète s’avança et dit :
« Seigneur, Dieu d’Abraham, d’Isaac et d’Israël,
on saura aujourd’hui que tu es Dieu en Israël,
que je suis ton serviteur,
et que j’ai accompli toutes ces choses sur ton ordre.
Réponds-moi, Seigneur, réponds-moi,
pour que tout ce peuple sache
que c’est toi, Seigneur, qui es Dieu,
et qui as retourné leur cœur ! »
Alors le feu du Seigneur tomba,
il dévora la victime et le bois,
les pierres et la poussière,
et l’eau qui était dans la rigole.
Tout le peuple en fut témoin ;
les gens tombèrent face contre terre et dirent :
« C’est le Seigneur qui est Dieu !
C’est le Seigneur qui est Dieu ! »
1 R 18, 20-39
Commentaires
Dans ce texte, aux tonalités archaïques, du sacrifice d’Elie au mont Carmel, E?lie te?moigne d’une confiance totale envers le Dieu d’Israe?l face a? l’hostilite? de tous, au sein d’un peuple qui a sombré dans le paganisme, devenant adepte du dieu Baal. Elie témoigne incessamment de sa fidélité envers Dieu, le seul Dieu.
Elie reproche au peuple de danser pour deux divinités, Baal et le Seigneur. Elie, interprète de l’esprit de Moïse, affirme que le Seigneur ne peut partager le culte de son peuple avec Baal. Le Seigneur est un et sans égal. Elie appelle à mettre en œuvre la Parole de Dieu, en aimant Dieu inconditionnellement. Le peuple est appelé à faire des choix, à se libérer.
Elie a construit l’autel du Seigneur comme celui bâti par Moïse après l’alliance du Sinaï avec les 12 stèles pour les 12 tribus d’Israël. Il marque sa foi en la puissance de Dieu par un triple arrosage de l’autel et invoque solennellement le Dieu des patriarches. La réponse du Seigneur survient de manière immédiate et foudroyante. Tout le peuple en est témoin.
Elie ordonne alors au peuple de se saisir des prophètes de Baal. Il les fait descendre près du torrent et les égorge : c’est la loi du talion, une violence difficile à supporter pour nous aujourd’hui, qui témoigne d’une volonté de débarrasser totalement le peuple de l’idolârie.
En envoyant le feu du ciel sur l’offrande, Dieu a consenti à restaurer l’Alliance brisée par l’idolâtrie du peuple. Cependant il faut encore la prière d’Elie pour que la pluie revienne. Elie manifeste sa totale confiance en Dieu qui lui obtient l’exaucement de sa prière