En lien avec l'Institut Catholique de Paris et la Conférence des Évêques de France
Le retour du Fils de l’Homme
Joachim Patinir, 1483-1524, paysage avec la destruction de Sodome et Gomhorre, 1520, Musée van Beuningen, Rotterdam
Patinir est un peintre et dessinateur de style flamand de la Haute Renaissance. Ami de Albrecht Dürer, qui le reconnaît comme un bon peintre de paysage, et dont il initie le genre dans la peinture occidentale, il est, à son époque, considéré comme peintre d’histoire, prenant pour sujets la Légende de Voragine.
Il traite ses paysages avec beaucoup de soin et de finesse et y introduit de jolies petites figures.
Ici pas d’actions prédominantes de personnages qui structureraient l’oeuvre.
En haut du tableau figure l’incendie nocturne des deux cités de part et d’autre d’une baie lointaine et obscurcie par les fumées. De minuscules figures humaines surprises par le feu, paraissent tenter fuir les portes de Sodome.
Loth et ses filles, à peine figurés plus grands, ne sont reconnaissables que parce que ce sont eux très vraisemblablement qui constituent, un peu à l’avant de la ville en feu, un petit groupe de trois personnes. Leur comportement est peu déchiffrable.
Traversé de colonnes de fumée, le ciel rougeoyant au point d’en être infernal est agité d’éclairs et autres zébrures, de lourdes nuées avec de rares lais violentes trouées de lumière.
Dans la partie inférieure, à droite deux anges aux ailes graciles descendent en chemin, tenant par la main Loth et ses filles. Ils laissent derrière eux un paysage formé de concrétions rocheuses fantastiques.
Au milieu du tableau, une minuscule statue fait penser à la statue de sel de la femme de Loth, qui s’est retournée dans sa fuite.
Ainsi Patinir donne à son tableau une atmosphère tragique, qui oblige les habitants à fuir sans attendre, à tout quitter, et sans se retourner. Luc parle du retour du Fils de l’Homme comme le feu et le soufre qui ont anéanti Sodome.
Le texte biblique
Comme cela s’est passé dans les jours de Noé, ainsi en sera-t-il dans les jours du Fils de l’homme.
On mangeait, on buvait, on prenait femme, on prenait mari, jusqu’au jour où Noé entra dans l’arche et où survint le déluge qui les fit tous périr.
Il en était de même dans les jours de Loth : on mangeait, on buvait, on achetait, on vendait, on plantait, on bâtissait ;
mais le jour où Loth sortit de Sodome, du ciel tomba une pluie de feu et de soufre qui les fit tous périr ;
cela se passera de la même manière le jour où le Fils de l’homme se révélera.
En ce jour-là, celui qui sera sur sa terrasse, et aura ses affaires dans sa maison, qu’il ne descende pas pour les emporter ; et de même celui qui sera dans son champ, qu’il ne retourne pas en arrière.
Rappelez-vous la femme de Loth.
Qui cherchera à conserver sa vie la perdra. Et qui la perdra la sauvegardera.
Je vous le dis : Cette nuit-là, deux personnes seront dans le même lit : l’une sera prise, l’autre laissée.
Deux femmes seront ensemble en train de moudre du grain : l’une sera prise, l’autre laissée. »
Prenant alors la parole, les disciples lui demandèrent : « Où donc, Seigneur ? » Il leur répondit : « Là où sera le corps, là aussi se rassembleront les vautours. »
Lc 17,26-37
Commentaires
Luc annonce la venue en gloire du Fils de l’Homme, jour du Jugement définitf, où les hommes devront compter avec la soudaineté d’une catastrophe dont ils ne soupçonnent pas la venue, et il la compare avec les grandes catastrophes rapportées par les légendes du passé..
Il évoque l’époque de Noé, et l’époque de Loth. Les juifs voyaient dans les contemporains de Noé les plus grands pécheurs, et nous connaissons la réputation des Sodomites. Mais Luc fait silence sur leurs actes pervers. Il montre combien les hommes étaient aveugles devant le cataclysme qui menaçait, combien on était insouciant de Dieu devant le feu qui tombait sur la ville. Un seul homme, chaque fois, avait eu le comportement approprié.
Alors Jésus explique la conduite à adopter. Quelques exemples : celui qui était sur sa terrasse devra fuir sans rien prendre au plus vite, celui qui travaillait dans son champ ne devra pas se retourner au contraire de la femme de Loth.
Luc conclut avec de façon paradoxale sur l’incapacité des êtres humains à disposer de leur vie. Comme elle leur est donnée, elle peut leur être enlevée. Qui cherchera avec ses propres forces à conserver sa vie la perdra. A l’inverse celui qui saura renoncer à maitriser sa vie et sa mort, recevra le don de la vie éternelle.
Deux nouvelles situations sont données en exemple : un couple au lit et un autre à la, meule. Le Jour peut arriver alors qu’on dort ou alors qu’on travaille. Dieu prendra l’un et laissera l’autre ;
Il ne faut pas nécessairement y voir une fin des temps (et qui pourrait alors y échapper), mais des images fortes pour insister sur le fait que nul n’est maître de sa propre vie, et que tous nous sommes entre les mains de Dieu.
Il s’agit alors d’être toujours prêt à donner sa vie, en la remettant aux mains de Dieu.
Ce récit s’achève sur une question obscure. Ni lieu ni date ne peuvent prévus, il n’appartient pas à Jésus de révéler quoi que ce soit.
Le Jour peut arriver tout de suite, plus tard, sans aucun signe précurseur !