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Centre d'enseignement de théologie à distance

défense de la femme

Domenico Beccafumi, 1484/86-1551, sainte Lucie, 1521, Pinacothèque de Sienne

Domenico Beccafumiest un peintre italien et sculpteur maniériste de la première moitié du xvie siècle.

D’origine siennoise, il se forma à Rome quand Michel Ange travaillait à la chapelle Sixtine et Raphaël aux fresques du Vatican.

Il développe son propre style maniériste à Sienne. Il est fort apprécié et reçoit des commandes importantes tant pour des lieux publics que religieux.

Il joue de la lumière pour transformer les formes, en remplaçant les contours par un jeu subtil de vibrations lumineuses.

Représentant sainte Lucie, il lui donne ainsi un caractère irréaliste, raffiné, par les tons traités en ombres et lumières de la robe jaune presque transparente et le voile rouge qui reprend l’arrondi de la forme du tableau.

Sainte Cécile est une vierge martyre née vers 283 et morte lors de la persécution de Dioclétien vers 304. La vie de la sainte est connue par le martyrologe romain mais aussi par la légende dorée de Jacques Voragine. Elle était promise à un fiancé mais elle refusa pour se consacrer au Seigneur.

Tout fut tenté pour la dissuader.

Elle est représentée portant une paire d’yeux sur un plateau : Lucie aurait demandé au fiancé pourquoi il tenait tant à elle, et il lui aurait répondu « vos yeux ». Alors Lucie s’arracha les yeux, les mit sur un plat, et les porta à tâtons à son fiancé ! La Vierge Marie aurait ensuite rendu ses yeux à Lucie.

Beccafumi a aussi inséré une épée dans sa représentation de sainte Lucie. Il est dit que lorsqu’on tenta de brûler Lucie, les flammes n’eurent aucun effet et qu’elle continuait à chanter les louanges de Dieu, elle dut subir le martyr par l’épée.

Le texte biblique

 Vous avez appris qu’il a été dit : Tu ne commettras pas d’adultère.

 Eh bien ! moi, je vous dis : Tout homme qui regarde une femme avec convoitise a déjà commis l’adultère avec elle dans son cœur.

 Si ton œil droit entraîne ta chute, arrache-le et jette-le loin de toi, car mieux vaut pour toi perdre un de tes membres que d’avoir ton corps tout entier jeté dans la géhenne.

Et si ta main droite entraîne ta chute, coupe-la et jette-la loin de toi, car mieux vaut pour toi perdre un de tes membres que d’avoir ton corps tout entier qui s’en aille dans la géhenne.

 Il a été dit également : Si quelqu’un renvoie sa femme, qu’il lui donne un acte de répudiation.

Eh bien ! moi, je vous dis : Tout homme qui renvoie sa femme, sauf en cas d’union illégitime, la pousse à l’adultère ; et si quelqu’un épouse une femme renvoyée, il est adultère.

Mt 5, 27-32

 

Commentaires

Bien que Jésus ait exprime fermement son attachement à la Loi des prophètes (v17), il explique qu’il est lui-même celui en qui les Ecritures trouvent leur aboutissement, donnant son véritable sens aux promesses prophétiques.

 


L’extrait que nous lisons aujourd’hui concerne l’adultère et la répudiation.

Jésus commence par rappeler la règle de l’interdit de l’adultère pour la radicaliser aussitôt encore davantage : convoiter une femme, c’est déjà commettre l’adultère, et le seul salut possible (éviter la géhenne) passe par l’amputation ou l’éborgnement.

Puis Jésus rappelle la possibilité de la répudiation pour la rendre aussitôt caduque par l’interdiction du divorce, sauf en cas d’union illégitime.

La radicalisation vise l’échappatoire que permet la Loi : en interdisant l’adultère mais en permettant par le divorce d’avoir d’autres femmes, elle est une concession à la tendance des hommes à l’infidélité.

Dans la tradition juive, à l’époque de Jésus, la répudiation était un acte privé, qui ne dépendait que de la décision familiale ; elle était le fait de l’homme seul, et était devenue totalement arbitraire.

Jésus prend ici fermement la défense des femmes juives, totalement livrées au bon vouloir de leurs maris.

L’excès des solutions que propose Jésus dit bien à quel point il se scandalise de l’attitude des rabbis qui autorisaient la répudiation pour des motifs plus que futiles, livrant la femme répudiée au déshonneur, voire à la prostitution.

Proposant à l’homme de s’arracher œil et main, Jésus fait appel à la symbolique sémitique du corps : l’œil , canal du cœur, est le véhicule du désir vers l’objet et la main évoque le passage à l’acte. La double image incite à s’infliger des renoncements violents, au-delà de la souffrance momentanée, plutôt que d’en arriver à l’irréparable. Le respect de l’autre, la femme que l’on a épousée, prime ici sur toute autre motivation, et devient respect que l’on doit à Dieu lui-même.

 

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