En lien avec l'Institut Catholique de Paris et la Conférence des Évêques de France
Des femmes « portent » la vie qui vient (1)
Ève, la mère des vivants , Gertrude Crête, SASV, encres acryliques sur papier, 2000 , coll part
Le CETAD vous propose cette année, pour le temps de l’Avent, d’attendre Noël avec quelques femmes de la Bible.
En commençant avec Eve, la mère des vivants, et en finissant avec Marie theotokos, la mère de Jésus. A travers cette évocation de quelques femmes dans l’Ecriture, nous tenterons de comprendre quel rôle les auteurs bibliques ont donné aux femmes dans « l’histoire du salut’, et comment Dieu a révélé son salut dans l’histoire humaine la plus incarnée.
Eve, mère des vivants
Après avoir reconnu la femme comme le vis-à-vis indispensable à sa pleine humanité, ishah en face de ish, créé par Dieu homme et femme, Adam nomme la femme une seconde fois : « Eve », ce qui veut dire « la vivante ».
Au-delà de l’annonce du retour de l’homme à la poussière soulignant son destin éphémère, cette nomination nouvelle débouche sur une espérance : la vie l’emportera grâce à celle qui est « la mère des vivants ».
On entend ainsi l’écho inouï du chant d’allégresse initial de la création, une hymne à la vie qui se poursuivra quels que soient les rudes tourments de l’histoire de l’humanité.
Adhémar de Monteil (+ 1098) nous fait reconnaître dans le Salve Regina, que nous sommes les enfants d’Eve en exil (exsules filii Evae)
Péguy la reconnaît comme notre aïeule, mère en humanité commune :
[…]Et je vous aime tant, aïeule roturière.
Vous avez tant lavé le regard de nos yeux.
Vous avez tant courbé sous le courroux des cieux
votre nuque et vos reins frissonnants de misère.
[…] et moi, je vous salue,ô la première femme,
et la plus malheureuse et la plus décevante,
et la plus immobile et la plus émouvante,
aïeule aux longs cheveux, mère de Notre Dame.
[…]et moi je vous salue première servante,
aïeule des bergers et des bons serviteurs
aïeule des bouviers et des premiers pasteurs,
et moi je vous salue, ô première servante.
[…]et moi je vous salue, ô vainement vivante,
et vainement offerte à de pauvres malheurs,
et la plus soucieuse et vainement savante,
et la plus douloureuse après les sept douleurs.
(Eve, 1913)
Le texte biblique
L’homme appela sa femme Ève (c’est-à-dire : la vivante), parce qu’elle fut la mère de tous les vivants.
Gn 3,20
Commentaires
La comparaison Eve-Marie revient constamment au cours de la réflexion sur le dépôt de la foi reçue de la Révélation divine, et c’est l’un des thèmes fréquemment repris par les Pères, par les écrivains ecclésiastiques et par les théologiens. Habituellement, c’est une différence, une opposition qui ressort de cette comparaison. Eve, «mère de tous les vivants» (Gn 3, 20), est le témoin du «commencement» biblique, dans lequel sont contenues la vérité sur la création de l’homme à l’image et à la ressemblance de Dieu, et la vérité sur le péché originel. Marie est le témoin du nouveau «commencement» et de la «création nouvelle» (cf. 2 Co 5, 17).
Jean-Paul II, Mulieris Dignitatem 1988