En lien avec l'Institut Catholique de Paris et la Conférence des Évêques de France
Sans tunique ni nourriture
Le Guerchin (d‘après), 1591 -1666, Saint Paul ermite nourri par le corbeau, Dayton Art Institute
Le Guerchin est un peintre du 17e, originaire de Bologne où les Carrache s’étaient affirmés comme réformateurs de la peinture, avec Le Caravage. Il aime représenter la nature de manière réaliste. Un séjour à Rome l’éloigna des durs contrastes de lumière et le rapprocha de la peinture classique, si bien qu’il produisit des œuvres plus tempérées à grande qualité picturale.
Saint Paul Ermite , moine de Haute Egypte, au 3/4e siècle. D’après la Légende dorée il se retira 60 ans dans une grotte pour échapper aux persécutions de l’empereur Dèce (250-252). Saint Antoine partit à sa recherche et le retrouva. A l’heure du déjeuner un corbeau apporta une double ration de pain aux deux hommes et Paul expliqua que c’est ainsi que Dieu lui servait son repas chaque jour.
Saint Paul est représenté vêtu de peau de bête, la légende parle de vêtement fait de feuilles de palmier ! Son maigre buste est mis en valeur par un éclairage lumineux.
Il vit dans le désert, des rochers arides l’entourent. Il tient son bâton de la main droite et égrène son chapelet qu’il tient de sa main gauche.
Le ciel s ‘éclaire au loin dans de doux tons bleus et roses qui donnent une belle impression d’espérance. Un corbeau tenant dans son bec une miche de pain se dirige vers l’ermite qui le regarde intensément. Pour subsister il s’en est remis à la providence de Dieu.
Le texte biblique
En ce temps-là,
Jésus rassembla les Douze ;
il leur donna pouvoir et autorité sur tous les démons,
et de même pour faire des guérisons ;
il les envoya proclamer le règne de Dieu
et guérir les malades.
Il leur dit :
« Ne prenez rien pour la route,
ni bâton, ni sac, ni pain, ni argent ;
n’ayez pas chacun une tunique de rechange.
Quand vous serez reçus dans une maison,
restez-y ; c’est de là que vous repartirez.
Et si les gens ne vous accueillent pas,
sortez de la ville et secouez la poussière de vos pieds :
ce sera un témoignage contre eux. »
Ils partirent
et ils allaient de village en village,
annonçant la Bonne Nouvelle
et faisant partout des guérisons.
(Lc 9, 1-6)
Commentaires
Jésus a choisi ses apôtres, ses envoyés, et leur donne la force de guérir les malades et d’expulser les démons. Les disciples manifestent la puissance de Dieu contre les forces du mal et la nouveauté de la vie retrouvée.
L’action missionnaire qui leur est confiée, nécessite certaines contraintes : partir sans tunique de rechange, faire confiance à la providence divine en n’emportant rien pour la route, ni bâton, ni ce qui est nécessaire à la subsistance. Pour vivre ils d’en remettront à ceux qui les accueilleront dans leurs maisons où ils resteront jusqu ‘à leur départ. Les apôtres ne doivent ni s’incruster ni passer d’une maison à l’autre comme des hôtes parasites. Par contre la responsabilité du non accueil incombe à ceux qui les chassent, mais Jésus ne juge pas.
Oui le refus, voire le rejet est toujours possible
Le geste de secouer la poussière de leurs chaussures est un rite oriental de rupture : on n’a rien de commun avec ceux que l’on quitte, même pas la poussière de leur sol.
La Bonne Nouvelle ne s’impose pas et l’insistance n’a pas lieu d’être. La liberté de chacun est respectée, les apôtres sont appelés à aller plus loin… tout est ouvert !
Les apôtres sont appelés à poursuivre la mission de Jésus proclamant Dieu et en soulageant les misères humaines.
Pourquoi Jésus demande -t-il ce dénuement à ses apôtres ? Leur pauvreté est à l’image de ce qu’ils annoncent . Ils sont à la fois forts et fragiles exposés à l’hostilité et au refus, mais soutenus par l’Esprit de Dieu qui les envoie et les accompagne.