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Centre d'enseignement de théologie à distance

carême 2018 : l’épreuve (4)

Épreuve du Christ :Au désert renoncement à la puissance

Gislebertus, 1130-1135. chapiteau de la tentation du Christ Saint-Lazare d’Autun,

Le chapiteau que nous regardons présente sur deux de ses faces deux des trois tentations de Jésus au désert : des pierres à transformer en pain et la puissance sur tous les royaumes de la terre.

Le diable est au sommet du temple à droite. Il a le bras droit levé, la main gauche indique le sol. Le Christ est assis en face de lui. Un ange est représenté à gauche, épée à la main.

 Autant la représentation du diable est terrifiante et grotesque, les traits sont grossiers, autant les traits de Jésus, toujours accompagné d’un ange, sont harmonieux, doux et presque souriants.

Après son baptême dans le Jourdain, manifestation de Jésus comme fils de Dieu, Jésus va dans le désert , lieu ambigu où, selon la Bible, l’homme peut faire l’expérience de forces mauvaises ou entrer en communion avec le Dieu vivant. C’est alors le diable qui met Jésus à l’épreuve en jouant sur le titre de « fils de Dieu » qui lui est donné. La ruse du diable, la même que dans le récit de la Genèse (Gn 3) consiste à détourner le sens de la parole de Dieu. Le diable utilise donc l’Ecriture pour proposer une utilisation perfide du titre de « fils » : « si tu es le fils de Dieu, ordonne à cette pierre de devenir du pain ». Le diable déploie la triple épreuve qui consiste dans la tentation de la maîtrise immédiate sur les satisfactions du corps, sur le pouvoir terrestre et les puissances célestes, sur la vie et la mort. Mais Jésus à son tour s’appuie sur l’Ecriture pour refuser la toute-puissance ; au lieu de s’emparer de ce titre de fils pour le détourner à son profit et l’utiliser de façon mensongère, il refuse d’entrer dans le jeu du diable, il veut garder la place du fils qui reçoit tout du Père : « il est dit : tu ne tenteras pas le Seigneur ton Dieu. » Le récit anticipe alors sur la victoire finale de Jésus : « le diable s’éloigna de Jésus jusqu’au moment fixé », cette expression laisse prévoir un ultime assaut de la puissance du mal : il aura lieu au jardin des Oliviers. 


L’épreuve qui a jalonné la route de Jésus n’est pas le péché ! Comme tout être humain, le fils de Dieu a expérimenté cette maxime de l’Ecriture : « mon fils, si tu veux servir le Seigneur, prépare ton âme à l’épreuve » (Si 2,1)

Le texte biblique

Jésus, rempli d’Esprit Saint, quitta les bords du Jourdain ; dans l’Esprit, il fut conduit à travers le désert

 où, pendant quarante jours, il fut tenté par le diable. Il ne mangea rien durant ces jours-là, et, quand ce temps fut écoulé, il eut faim.

 Le diable lui dit alors : « Si tu es Fils de Dieu, ordonne à cette pierre de devenir du pain. »

Jésus répondit : « Il est écrit : L’homme ne vit pas seulement de pain. »

Alors le diable l’emmena plus haut et lui montra en un instant tous les royaumes de la terre.

 Il lui dit : « Je te donnerai tout ce pouvoir et la gloire de ces royaumes, car cela m’a été remis et je le donne à qui je veux.

 Toi donc, si tu te prosternes devant moi, tu auras tout cela. »

Jésus lui répondit : « Il est écrit : C’est devant le Seigneur ton Dieu que tu te prosterneras, à lui seul tu rendras un culte. »

 Puis le diable le conduisit à Jérusalem, il le plaça au sommet du Temple et lui dit : « Si tu es Fils de Dieu, d’ici jette-toi en bas ;

 car il est écrit : Il donnera pour toi, à ses anges, l’ordre de te garder ;

et encore : Ils te porteront sur leurs mains, de peur que ton pied ne heurte une pierre. »

Jésus lui fit cette réponse : « Il est dit : Tu ne mettras pas à l’épreuve le Seigneur ton Dieu. »

Ayant ainsi épuisé toutes les formes de tentations, le diable s’éloigna de Jésus jusqu’au moment fixé.

 Lorsque Jésus, dans la puissance de l’Esprit, revint en Galilée, sa renommée se répandit dans toute la région.

Il enseignait dans les synagogues, et tout le monde faisait son éloge.

 


Lc 4,1-15 

 

Commentaires

Vous avez reçu des armes, non pour demeurer dans un lâche repos, mais pour combattre. Si Dieu n’arrête point les tentations dont vous êtes attaqués, il le fait pour plusieurs raisons qui vous sont avantageuses. Car premièrement il veut que vous reconnaissiez par expérience que vous êtes devenu plus fort. Il veut encore que vous conserviez la modestie, et que la grandeur des grâces reçues ne vous enfle pas d’orgueil, vous qui êtes encore exposés à l’épreuve des tentations. Dieu permet aussi que vous soyez-tentés; afin que le démon qui doute toujours si c’est sincèrement que vous avez renoncé à lui, s’assure par votre patience que ce renoncement est véritable. De plus le dessein de Dieu est que votre âme se fortifie par la tentation, et qu’elle devienne aussi plus ferme que le fer. Enfin Dieu permet que l’ennemi vous attaque, afin que vous conceviez par là combien est grand et précieux le trésor qui vous a été confié. Car le démon ne vous attaquerait point avec tant de violence, s’il ne vous voyait élevés en un état plus glorieux que vous n’étiez auparavant. C’est ce qui l’irrita autrefois contre Adam, lorsqu’il le vit dans une si grande gloire. C’est encore ce qui l’irrita contre Job de voir que Dieu même lui donnait tant de louanges.

Mais d’où vient donc, me direz-vous, que Jésus-Christ nous a dit: « Priez afin que vous n’entriez point dans la tentation ? » (Matth. XXVI, 30.) Je vous réponds que cette parole s’accorde parfaitement avec ce que nous disons puisqu’il est marqué dans notre Evangile que Jésus-Christ n’alla pas de lui-même dans le désert, mais qu’il y fut conduit par l’Esprit. Ce qui nous montre admirablement que nous ne devons pas nous jeter de nous-mêmes dans les tentations, mais seulement les souffrir avec courage, lorsqu’ elles nous arrivent.

Saint Jean Chrysostome, Homélie 13

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