En lien avec l'Institut Catholique de Paris et la Conférence des Évêques de France
Mattatias, la révolte
Henri Camille Danger 1857-1940, Matathias refusant d’obéir aux oredres du tyran Antiochus Fanus, 1882, musée de Soissons
Henri Camille Danger est un élève de Gérome et de Millet à la fin du 19e siècle.
Il représente ici cette scène « historique » laissant apparaître des traitements très impressionnistes des foules entourant Mattatias dans la ville de Modine où il s’était réfugié avec ses fils.
Ce prêtre de la famille de Joarib était agé, sa barbe est blanche, quand Antiochus IV voulut imposer de force des pratiques polythéistes.
Mattatias est immense au centre du tableau, les bras levés avec fougue et rage. Il veut entraîner les fidèles à se rebeller. Derrière lui un groupe de jeunes gens, sans doute ses fils, font le même geste.
La violence règne, les morts gisent à terre, l’autel est détruit.
Comme un chef vainqueur il lance le commencement de la guerre sainte et semble s’écrier « Ceux qui sont enflammés d’une ardeur jalouse pour la Loi, et qui soutiennent l’Alliance, qu’ils sortent tous de la ville à ma suite »
Mattatias a tué un juif infidèle dont le corps gît sur la dernière marche de l’autel. Il a reçu un coup de hache sur le crâne. La hache tachée de sang est tombée sur la deuxième marche.
Mattatias a tué aussi l’envoyé d’Antiochus, qui, dans sa cuirasse dorée, gît au premier plan. Il fut tué d’un coup de couteau planté dans la gorge d’où coule le sang..
La scène se déroule au milieu d’une grande foule où se mêlent hommes, femmes et enfants. À droite une mère tient son enfant contre elle, elle lui cache le visage pour qu’il ne voit pas la violence de la scène.
A l’arrière plan du tableau on aperçoit la ville de Modine.
Le texte biblique
Les hommes envoyés par le roi pour contraindre les gens à l’apostasie arrivèrent dans la ville de Modine pour y organiser des sacrifices.
Beaucoup en Israël allèrent à eux ; Mattathias et ses fils vinrent à la réunion.
Les envoyés du roi prirent la parole pour dire à Mattathias : « Tu es un chef honoré et puissant dans cette ville, soutenu par des fils et des frères.
Avance donc le premier, et exécute l’ordre du roi, comme l’ont fait toutes les nations, les hommes de Juda et ceux qui sont restés à Jérusalem. Alors, toi et tes fils, vous serez les amis du roi. Toi et tes fils, vous serez comblés d’argent, d’or et de cadeaux nombreux. »
Mattathias répondit d’une voix forte : « Toutes les nations qui appartiennent aux États du roi peuvent bien lui obéir en rejetant chacune la religion de ses pères, et se conformer à ses commandements ;
mais moi, mes fils et mes frères, nous suivrons l’Alliance de nos pères.
Que le Ciel nous préserve d’abandonner la Loi et ses préceptes !
Nous n’obéirons pas aux ordres du roi, nous ne dévierons pas de notre religion, ni à droite ni à gauche. »
Dès qu’il eut fini de prononcer ces paroles, un Juif s’avança en présence de tout le monde pour offrir le sacrifice, selon l’ordre du roi, sur cet autel de Modine.
À cette vue, Mattathias s’enflamma d’indignation et frémit jusqu’au fond de lui-même ; il laissa monter en lui une légitime colère, courut à l’homme et l’égorgea sur l’autel.
Quant à l’envoyé du roi, qui voulait contraindre à offrir le sacrifice, Mattathias le tua à l’instant même, et il renversa l’autel.
Il s’enflamma d’ardeur pour la Loi comme jadis Pinhas contre Zimri.
Alors Mattathias se mit à crier d’une voix forte à travers la ville : « Ceux qui sont enflammés d’une ardeur jalouse pour la Loi, et qui soutiennent l’Alliance, qu’ils sortent tous de la ville à ma suite. »
Il s’enfuit dans la montagne avec ses fils, en abandonnant tout ce qu’ils avaient dans la ville.
Alors, beaucoup de ceux qui recherchaient la justice et la Loi s’en allèrent vivre au désert,
1 Maccabées 2,15-29
Commentaires
Le premier livre des Maccabées couvre l’histoire de ce peuple de Judée de 175 à 135 av JC. Ce peuple se révolta contre le régime que lui imposaient les souverains séleucides, successeurs d’Alexandre le Grand. Antiochus IV voulut imposer aux Juifs les mœurs et les cultes grecs. La brutalité de cette politique provoqua la révolte du prêtre Mattatias et de ses fils.
Rencontrant une civilisation nouvelle, le peuple de Dieu doit-il s’adapter ou résister ? Question qui se pose sans cesse dans l’histoire.
S’adapter voudrait dire renoncer à l’originalité de la foi et se condamner à disparaître en se diluant dans le monde.
Et résister, ce serait prendre le risque de se couper du plus grand nombre et de s’enfermer dans le passé.
Ces deux tendances furent connues dans les siècles qui ont précédé la venue de Jésus Christ
A l’occasion d’une visite d’un fonctionnaire chargé d’organiser le culte royal, Mattatias et ses fils donnent le signal de l’insurrection pour défendre leur religion.
Les commissaires royaux essaient en vain d’obtenir de Mattatias l’obéissance à l’édit d’Antiochus : qu’il jette un peu d’encens sur l’autel comme l’ont fait certains en Judée ou à Jérusalem, en échange de quoi ils recevraient beaucoup d’or et d’argent.
Il semblerait que beaucoup d’hommes d’Isrtael se rallient à Mattatias et ses fils, ce dernier étant reconnu comme un chef estimé. Mattatias répond héroïquement, criant haut et fort qu’il restera fidèle à l’alliance que ses ancêtres ont contractée avec le Seigneur. Dieu le garde d’abandonner la Loi et les préceptes. Il s’enflamme de colère, sentant qu’elle était légitime et assassine le fonctionnaire.
Il prend le maquis pour éviter les représailles et entraîne à sa suite quelques hommes qui veulent aussi en découdre contre les troupes grecques et les Juifs qui se sont ralliés à elles.