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La création du monde
Giovani di Paolo,1398-1482, La création du monde et Adam et Eve chassés du paradis , 1445, Metropolitan Museum, New York
1445
Giovanni di Paolo est un peintre siennois du 15e siècle, qui a illustré bon nombre de manuscrits , comme ceux de Dante. Son style fut influencé par les peintres de la peinture gothique comme Gentile da Fabriano. Il a participé à la décoration de l’abside du baptistère de Sienne.
Ce panneau faisait partie de la prédelle d’un retable destiné à l’église saint Dominique de Sienne. (aujourd’hui au musée des Offices à Florence).
Cette peinture de la création du monde et d’Adam et Eve chassés du paradis est à la fois féerique, irréelle et remplie de détails précieux, rappelant la vision de la Divine Comédie.
L’univers est présenté comme un globe céleste avec la terre au centre entourée de cercles concentriques représentant les quatre éléments, eau, terre, air et feu, les planètes connues et les constellations du zodiaque.
Présidant à cette création Dieu baigné d’une brillante lumière céleste, est comme porté par des ailes de séraphins.
A droite le peintre représente le jardin du Paradis, arrosé par les quatre fleuves représentés au bas de la peinture.
Les magnifiques arbres du jardin, dessinés avec grande minutie et réalisme, évoquent la pureté originelle de l’homme avant qu’il soit chassé de l’Eden.
Adam et Eve sont chassés du paradis par un ange qui de manière inhabituelle est représenté nu et avec une forme humaine, sans doute pour souligner sa compassion envers l’homme déchu.
Le texte biblique
Lorsque le Seigneur Dieu fit la terre et le ciel,
aucun buisson n’était encore sur la terre, aucune herbe n’avait poussé, parce que le Seigneur Dieu n’avait pas encore fait pleuvoir sur la terre, et il n’y avait pas d’homme pour travailler le sol.
Mais une source montait de la terre et irriguait toute la surface du sol.
Alors le Seigneur Dieu modela l’homme avec la poussière tirée du sol ; il insuffla dans ses narines le souffle de vie, et l’homme devint un être vivant.
Le Seigneur Dieu planta un jardin en Éden, à l’orient, et y plaça l’homme qu’il avait modelé.
Le Seigneur Dieu fit pousser du sol toutes sortes d’arbres à l’aspect désirable et aux fruits savoureux ; il y avait aussi l’arbre de vie au milieu du jardin, et l’arbre de la connaissance du bien et du mal.
Le Seigneur Dieu prit l’homme et le conduisit dans le jardin d’Éden pour qu’il le travaille et le garde.
Le Seigneur Dieu donna à l’homme cet ordre : « Tu peux manger les fruits de tous les arbres du jardin ;
mais l’arbre de la connaissance du bien et du mal, tu n’en mangeras pas ; car, le jour où tu en mangeras, tu mourras. »
Gn 2,4b9-15-17
Commentaires
Nous lisons aujourd’hui le deuxième récit de la création, le premier étant l’objet du premier chapitre de la Genèse.
Le créateur est nommé Seigneur Dieu, il est le Seigneur du salut et le Dieu créateur.
La première description évoque le chaos tel que l’imaginait un homme oriental habitué à penser le monde en terme de désert et d’oasis. L’absence de buissons et d’herbes, la sécheresse et l’absence de cultivateurs correspondent au désert, à partir duquel l’auteur imagine le chaos précédent la création en termes négatifs. L’eau qui sort de la terre est un rappel d’un récit babylonien de la création et cette remarque paraît préparer le travail du Dieu potier qui aura besoin d’eau pour façonner l’homme.
La création de l’homme s’opère en deux étapes : d’abord Dieu façonne une forme humaine, puis lui insuffle la vie. c’est un vocabulaire de potier qui est utilisé. Ainsi est évoquée toute une conception de l’homme ; l’homme Adam est relié à la terre. l’haleine de vie désigne le principe de toute vie animale, ce qui fait un « être vivant ». l’homme est ainsi de la glaise animée par le souffle de Dieu.
Le Seigneur plante un jardin en Eden. Dieu, après avoir été potier, devient jardinier. Le jardin est présenté comme une oasis dans le désert, image de splendeur, d’abondance et de richesse pour un nomade.
La création de l’homme s’est faite hors du jardin et Dieu place lui-même l’homme dans le jardin. Ce jardin contient toutes sortes d’arbres à l’aspect attirant et aux fruits savoureux, preuve de la grande libéralité de Dieu.
Parmi ces arbres il y a deux arbres particuliers, l’arbre de vie et l’arbre de la connaissance du bien et du mal. Le récit du chapitre 3 d e la Genèse semble confondre ces deux arbres plantés au même endroit, au milieu du jardin. Ici ils sont associés aussi bien géographiquement que thématiquement . Ils représentent un privilège de Dieu.
Théologiquement connaître le bien et le mal, c’est se donner un pouvoir, chercher la maîtrise, viser une connaissance illimitée. Et par là dépasser ce qui est du domaine de l’homme, empiéter sur le domaine de Dieu ou encore refuser de faire confiance et de se soumettre à la parole de Dieu.
Le texte liturgique saute les versets 10-14 qui évoquent les quatre fleuves issus de l’eau du jardin qui féconde l’univers dans sa totalité.
Dieu prend l’homme pour le conduire dans le jardin, Dieu le protège, Dieu est attentif à ce qui advient à l’homme après sa création. L’homme devient responsable : il doit cultiver et garder le jardin. Ces deux verbes expriment le travail et le culte pour l’un, et l’observance des commandements pour le second.
Dieu commence par ouvrir à l’homme un espace de liberté, mais cet espace ne peut être viable que si l’homme accepte ses limites de créature, et respecte la place des autres créatures voulues par Dieu.
L’interdit apparaît alors sous la forme d’une loi donnant un cadre à l’existence humaine.
Cette loi permet un rapport direct à la vie et au bonheur, mais si l’être humain la transgresse, il ouvre la voie au malheur et à la mort.
Il s’agit pour l’homme de jouir de tous les biens que Dieu lui donne, mais de s’arrêter là où commence l’espace de Dieu, c’est à dire de ne pas se laisser emporter par la volonté de puissance, en refusant l’obéissance que Dieu demande.