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Centre d'enseignement de théologie à distance

Sainte Claire, le pardon à donner

 

Domenico Fetti, 1588-1623, La dette, vers 1620, musée de Dresde

 

Peintre romain puis vénitien du 17e, Domenico Fetti produit une peinture colorée et imagée, influencée par Le Caravage. Les dernières années de sa vie, il se consacra à la réalisation d’oeuvres à thèmes religieux, une série qui fit sa renommée, notamment son illustration des paraboles.

Ce tableau, “la dette,” nommé aussi “le serviteur impitoyable”, illustre la parabole de Matthieu.

On y voit le serviteur impitoyable agressant un de ses compagnons qui lui devait de l’argent.

Le décor architectural occupe la plus grande partie du tableau. Il est traversé par une longue branche de vigne qui rappelle le sens chrétien donné à la scène : le pardon est voulu par le Christ qui pardonne tout en donnant sa vie pour le salut des hommes.

En bas du tableau, dans la pénombre, le serviteur trouve enfin son débiteur, l’agresse violemment pour lui réclamer son dû.

 

Le texte biblique

 

 Alors Pierre s’approcha de Jésus pour lui demander : « Seigneur, lorsque mon frère commettra des fautes contre moi, combien de fois dois-je lui pardonner ? Jusqu’à sept fois ? »

 Jésus lui répondit : « Je ne te dis pas jusqu’à sept fois, mais jusqu’à soixante-dix fois sept fois.

 Ainsi, le royaume des Cieux est comparable à un roi qui voulut régler ses comptes avec ses serviteurs.

 Il commençait, quand on lui amena quelqu’un qui lui devait dix mille talents (c’est-à-dire soixante millions de pièces d’argent).

 Comme cet homme n’avait pas de quoi rembourser, le maître ordonna de le vendre, avec sa femme, ses enfants et tous ses biens, en remboursement de sa dette.

 Alors, tombant à ses pieds, le serviteur demeurait prosterné et disait : “Prends patience envers moi, et je te rembourserai tout.”

 Saisi de compassion, le maître de ce serviteur le laissa partir et lui remit sa dette.

 Mais, en sortant, ce serviteur trouva un de ses compagnons qui lui devait cent pièces d’argent. Il se jeta sur lui pour l’étrangler, en disant : “Rembourse ta dette !”

 Alors, tombant à ses pieds, son compagnon le suppliait : “Prends patience envers moi, et je te rembourserai.”

 Mais l’autre refusa et le fit jeter en prison jusqu’à ce qu’il ait remboursé ce qu’il devait.

 Ses compagnons, voyant cela, furent profondément attristés et allèrent raconter à leur maître tout ce qui s’était passé.

 Alors celui-ci le fit appeler et lui dit : “Serviteur mauvais ! je t’avais remis toute cette dette parce que tu m’avais supplié.

 Ne devais-tu pas, à ton tour, avoir pitié de ton compagnon, comme moi-même j’avais eu pitié de toi ?”

 Dans sa colère, son maître le livra aux bourreaux jusqu’à ce qu’il eût remboursé tout ce qu’il devait.

 C’est ainsi que mon Père du ciel vous traitera, si chacun de vous ne pardonne pas à son frère du fond du cœur. »

 Lorsque Jésus eut terminé ce discours, il s’éloigna de la Galilée et se rendit dans le territoire de la Judée, au-delà du Jourdain.

 

Mt 18,21 à 19,1

 

Commentaires

 

Voilà la question du pardon évoquée par Matthieu, et la fameuse formule donnée par Jésus, pardonnez jusqu ‘à 70 fois sept fois, c’est à dire que le pardon n’a pas de limite.

La difficile question du pardon est illustrée par une parabole du Royaume, en réponse à Pierre au sujet d’un frère qui commet une faute à son égard.

La parabole met en scène un roi qui après avoir réduit à l’esclavage un de ses serviteurs et sa famille pour le contraindre à rembourser une dette immense, la lui remet à la suite de sa supplication.

Puis ce même débiteur fait jeter en prison un de ses compagnons de service qui lui doit une petite somme, etil lui refuse le moindre délai.

Mais il est dénoncé par ses compagnons et le débiteur est rattrapé par le roi qui le livre aux tortionniares

La conclusion de l’histoire sonne comme une menace. Le Seigneur traitera de la même manière ceux qui ne pardonnent pas à leurs frères.

Il s’agit de de se comprendre soi-même, de comprendre Dieu, de comprendre son prochain.

Où nous positionnons nous ? Sommes nous le créditeur confronté au débiteur mauvais payeur, ou le débiteur à qui la dette énorme a été remise ? De cette compréhension de soi devant Dieu dépend la compréhension de l’autre et la possibilité de pardon. Somme nous jugés ou graciés ?

Ce qui est reproché au serviteur c’est qu’il n’a pas reconnu dans son débiteur un autre lui-même. S’est-il compris comme un pécheur, débiteur, ou comme un juste ? Il a profité de la grâce de Dieu mais l’a-t-il reconnue ?

Le serviteur assure pouvoir rembourser , alors que c ‘est humainement impossible, la somme est trop importante, elle représente 60 millions de journées de travail. Il refuse la réalité, il refuse de reconnaître sa situation désespérée. Il ne se présente pas en vérité devant son roi.

Mais le roi refuse de remettre la dette. Celui qui ne sort pas de la logique de la rétribution propre à la loi du talion et en subit la terrible logique. ?????

Cette parabole prend tout son relief quand on la lit dans la suite du chapitre 18, où Jésus a rappelé que le pouvoir de pardonner ou de refuser le pardon a été remis à ses disciples, c’est-à-dire aux responsables de communauté. Cette responsabilité que porte Pierre, représentant de tous ceux qui auront un pouvoir dans l’Eglise, est terrible. Elle suppose l’enseignement de la parabole : Pierre ne doit pas se conduire comme le serviteur pardonné, mais au contraire pardonner à son tour 70 fois 7 fois !

 

 

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