En lien avec l'Institut Catholique de Paris et la Conférence des Évêques de France
Dieu exauce les pauvres

Gerbrand Van den Eecckhout 1621-1674, Anne présente Samuel au prêtre Eli. 1665, Louvre
Eeckhout est l’élève et favori de Rembrandt , ce qui explique cette imitation constante
de Rembrandt dans toutes ses œuvres. Aujourd’hui des experts attribuent plusieurs œuvres
de Rembrandt à Van den Eeckhout.
Ce dernier s’est spécialisé dans les peintures à sujets bibliques.
On retrouve dans ce tableau d’Anne présentant Samuel au prêtre Eli,
la composition grandiose de Rembrandt, les couleurs, le scintillement de lumière,
les vêtements juifs qu’il affectionnait.
Samuel est consacré tout enfant à Dieu, pour accomplir le vœu prononcé par Anne
pour obtenir un enfant.
Le pretre Eli est installé dans un imposant trône, richement vêtu,
sous un élégant rideau de velours bleu profond qui prend la lumière venue de la gauche,
caractéristique du langage baroque coloré.
A sa gauche sur la table couverte d’une nappe rouge, en contraste pour attirer l’attention,
sont posés les objets de la liturgie juive.
Anne est agenouillée en signe de respect et présente son enfant au grand prêtre.
Derrière elle des paysans amènent des taureaux qui seront offerts
en sacrifice d’adoration et de reconnaissance envers Dieu.
Le texte biblique
09 Anne se leva, après qu’ils eurent mangé et bu. Le prêtre Éli
était assis sur son siège, à l’entrée du sanctuaire du Seigneur.
10 Anne, pleine d’amertume, se mit à prier le Seigneur et pleura abondamment.
11 Elle fit un vœu en disant : « Seigneur de l’univers !
Si tu veux bien regarder l’humiliation de ta servante,
te souvenir de moi, ne pas m’oublier, et me donner un fils,
je le donnerai au Seigneur pour toute sa vie,
et le rasoir ne passera pas sur sa tête. »
12 Tandis qu’elle prolongeait sa prière devant le Seigneur, Éli observait sa bouche.
13 Anne parlait dans son cœur : seules ses lèvres remuaient,
et l’on n’entendait pas sa voix. Éli pensa qu’elle était ivre.
14 et lui dit : « Combien de temps vas-tu rester ivre ? Cuve donc ton vin ! »
1
5 Anne répondit : « Non, mon seigneur, je ne suis qu’une femme affligée,
je n’ai bu ni vin ni boisson forte ; j’épanche mon âme devant le Seigneur.
16 Ne prends pas ta servante pour une vaurienne :
c’est l’excès de mon chagrin et de mon dépit qui m’a fait prier aussi longtemps. »
17 Éli lui répondit : « Va en paix, et que le Dieu d’Israël t’accorde
ce que tu lui as demandé. »
18 Anne dit alors : « Que ta servante trouve grâce devant toi ! »
Elle s’en alla, elle se mit à manger, et son visage n’était plus le même.
19 Le lendemain, Elcana et les siens se levèrent de bon matin.
Après s’être prosternés devant le Seigneur, ils s’en retournèrent chez eux, à Rama.
Elcana s’unit à Anne sa femme, et le Seigneur se souvint d’elle.
20 Anne conçut et, le temps venu, elle enfanta un fils ;
elle lui donna le nom de Samuel (c’est-à-dire : Dieu exauce),
car, disait-elle : « Je l’ai demandé au Seigneur. »
1 Samuel 1,9-20
Commentaires
Anne est l’épouse malheureuse d’Elcana ; elle n’a pas eu d’enfant alors que sa rivale Pennina, deuxième épouse d’Elcana, était, elle, mère de fils et de filles. Elcana était un lévite qui habitait la montagne d’Ephraim. Chaque année, Elcana montait avec sa famille à Silo, là où se trouvait l’arche de l’alliance.
Anne y apporte son chagrin et l’expose à Dieu dans la prière, seule ressource qui lui restait.
Sa prière est non seulement pour elle mais aussi pour la gloire de Dieu. Elle demande la grâce (signification de son nom) d’avoir un fils, non pas pour le garder égoïstement auprès d’elle, mais afin qu’il devienne un serviteur de Dieu pour tous les jours de sa vie.
Anne expose sa requête à Dieu, elle supplie, malgré les reproches du prêtre Eli qui l’accuse injustement d’être ivre. Souffrance supplémentaire pour Anne. Le monde lui apparaît encore plus hostile.
Son visage se transfigure, la paix de Dieu remplit son cœur avant même la réponse qui ne tardera pas. Elle enfantera un fils qui s’appellera Samuel, dont le nom signifie « Dieu a entendu».
Eli qui, après tout, était un vrai serviteur de Dieu, trouve alors un langage de vérité, finit par bénir Anne de la part de Dieu, « va en paix, et que le Dieu d’Israël t’accorde la demande que tu lui as faite ».
Anne est assurée dans sa foi, elle sait qu’elle sera comblée et sa joie est manifeste aux yeux de tous.
Elle chantera un magnifique poème de louange que l’on peut lire au chapitre suivant du premier livre de Samuel.