En lien avec l'Institut Catholique de Paris et la Conférence des Évêques de France
Aimer c’est pardonner (4)
Le pardon de Dieu restaure notre liberté
Nicolas Poussin, 1594-1685, La femme adultère 1653 Musée du Louvre
Nicolas Poussin illustre fidèlement le texte de Jean 8, le récit connu sous le titre de « la femme adultère ». Pour l’artiste, l’art de la peinture est une « poésie muette » qui peut rendre compte par la représentation d’éléments simultanés, du message donné par un récit.
Cette scène est construite selon la belle ordonnance symétrique de l’art classique et dans le cadre d’une architecture évoquant le Temple.
Jésus est au centre, il domine la scène par sa stature et par la couleur rouge vif de son vêtement. C’est lui mène les événements. À ses pieds la femme agenouillée, prostrée, mi-nue, elle s’attend à être lapidée avec les pierres qui ont été posées à côté d’elle, pour le prix de son péché. De part et d’autre, sont répartis deux groupes de cinq personnages, ce sont les pharisiens, divers dans leurs âges et leurs attitude. Au fond, entre la scène et le décor architectural, une mère tenant son enfant équilibre le tableau. Est-elle simple spectatrice, comme nous le sommes ?
Sur le sol des traits sont tracés, illisibles. Nul ne sait ce qu’a écrit Jésus ! Les pharisiens sont penchés et montrent du doigt ces mots et s’interrogent.
Mais Jésus intervient, majestueux : « Celui d’entre vous qui est sans péché, qu’il soit le premier à lui jeter une pierre. », parole libre par rapport à la loi de Moïse, parole dans la ligne de la nouvelle loi de l’amour annoncée, qui neutralise toute violence. Et voilà que les pharisiens s’éloignent un à un, faisant preuve d’une certaine honnêteté de conscience. Le personnage de gauche, manteau rouge et tunique verte, semble encore discuter, mais ses pieds l’entraînent déjà au loin.
Jésus désigne la femme de la main droite, « « Moi non plus, je ne te condamne pas. Va, et désormais ne pèche plus. ». Immense parole de consolation, de libération. Appel à la conversion, invitation à entrer dans un nouveau monde où règne la miséricorde.
Le texte biblique
Quant à Jésus, il s’en alla au mont des Oliviers.
Dès l’aurore, il retourna au Temple. Comme tout le peuple venait à lui, il s’assit et se mit à enseigner.
Les scribes et les pharisiens lui amènent une femme qu’on avait surprise en situation d’adultère. Ils la mettent au milieu,
et disent à Jésus : « Maître, cette femme a été surprise en flagrant délit d’adultère.
Or, dans la Loi, Moïse nous a ordonné de lapider ces femmes-là. Et toi, que dis-tu ? »
Ils parlaient ainsi pour le mettre à l’épreuve, afin de pouvoir l’accuser. Mais Jésus s’était baissé et, du doigt, il écrivait sur la terre.
Comme on persistait à l’interroger, il se redressa et leur dit : « Celui d’entre vous qui est sans péché, qu’il soit le premier à lui jeter une pierre. »
Il se baissa de nouveau et il écrivait sur la terre.
Eux, après avoir entendu cela, s’en allaient un par un, en commençant par les plus âgés.
Jésus resta seul avec la femme toujours là au milieu.
Il se redressa et lui demanda : « Femme, où sont-ils donc ? Personne ne t’a condamnée ? »
Elle répondit : « Personne, Seigneur. » Et Jésus lui dit : « Moi non plus, je ne te condamne pas. Va, et désormais ne pèche plus. »
Jn 8,1-11
Commentaires
La femme adultère
L’odorant cinnamome et le nard de Palmyre
Ont chez moi de l’Égypte embaumé les tapis.
J’ai placé sur mon front et l’or et le lapis ;
Venez, mon bien-aimé, m’enivrer de délices »
Qu’entoure avec clameur la foule déchaînée,
Paraît : ses yeux brûlants au Ciel sont dirigés,
Ses yeux, car de longs fers ses bras nus sont chargés.
Devant le Fils de l’Homme on l’amène en tumulte,
Puis, provoquant l’erreur et méditant l’insulte,
Les Scribes assemblés s’avancent,
« Maître, dit-il, jugez de ce péché hideux ;
Cette femme adultère est coupable et surprise :
Que doit faire Israël de la loi de Moïse ? »
Et l’épouse infidèle attendait, et ses yeux
Semblaient chercher encor quelque autre dans ces lieux ;
Et, la pierre à la main, la foule sanguinaire
S’appelait, la montrait : « C’est la femme adultère !
Lapidez la : déjà le séducteur est mort ! »
Et la femme pleura. – Mais le juge d’abord :
« Qu’un homme d’entre vous, dit-il, jette une pierre
S’il se croit sans péché, qu’il jette la première. »
Il dit, et s’écartant des mobiles Hébreux,
Apaisés par ces mots et déjà moins nombreux,
Son doigt mystérieux, sur l’arène légère,
Écrivait une langue aux hommes étrangère,
En caractères saints dans le Ciel retracés…
Quand il se releva, tous s’étaient dispersés.
Alfred de VIGNY (1797-1863), La femme adultère : Poèmes antiques et modernes, 1826