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Assomption : heureuse es-tu Vierge Marie !
Esteban Murillo (1618-1682), Assomption de la Vierge de Soult, vers 1678 , musée du Prado, Madrid
Murillo est une peintre estpagno du 17e, originaire d’Andalousie. Cette région n’avait été libérée de l’occupation musulane qu’à la fin du 15e et avait connu alors une grande ferveur chrétienne.lers oeuvres de Murillo portent principalement sur des thèmes religieus marquant la dernière étape du baroque espagnol.
Ce tableau de la Vierge de Soult peut être interprété soit comme l’Immaculée conception soit comme l’Assomption de la Vierge.
Murillo a peint un grand nombre de Vierges sur le même modèle.
Ici elle est vêtue de blanc et bleu, les mains croisées sur la poitrine, marchant sur la lune et le regard tourné vers le ciel, répondant ainsi au texte de l’Apocalypse. Toute la dynamique de l’œuvre s’élance vers le haut en un mouvement hélicoïdal, bien caractéristique de l’art baroque.
Le visage de Marie, une belle et pure jeune fille, est situé dans l’espace divin, baigné de lumière peuplé d’anges et de nuages, ce qui permet d’associer les deux traditions iconographiques celle de l’Immaculée Conception et celle de l’Assomption.
La composition , l’utilisation de la lumière et la sensation de mouvement, donne une impression d’élan de la Vierge vers le ciel, entraînant le spectateur vers une pieuse prière.
Le texte biblique
Écoute, ma fille, regarde et tends l’oreille ; oublie ton peuple et la maison de ton père :
le roi sera séduit par ta beauté. Il est ton Seigneur : prosterne-toi devant lui.
Alors, fille de Tyr, les plus riches du peuple, chargés de présents, quêteront ton sourire.
Fille de roi, elle est là, dans sa gloire, vêtue d’étoffes d’or ;
on la conduit, toute parée, vers le roi. Des jeunes filles, ses compagnes, lui font cortège;
on les conduit parmi les chants de fête : elles entrent au palais du roi.
Ps 44 11-16
Commentaires
Les symboles de beauté et de noblesse se bousculent dans ce psaume qui fait l’éloge d’une jeune épouse.
On a l’habitude de l’appliquer au mariage de Salomon avec la fille de Pharaon. Mais on peut le lire comme un chant purement prophétique, qui comme le Cantique des cantiques, célèbre l’union du Seigneur avec son peuple, puis celle du Christ avec son Eglise, comparée à cette épouse à la beauté éblouissante.
La liturgie nous offre de lire seulement le cœur du psaume qui est un discours à la reine afin qu’elle se donne toute entière au Roi, le Messie.
Notre passage commence avec un « écoute ma fille », une invitation de sagesse qui s’adresse aussi à tout homme pour qu’il soit prompt à écouter : « bienheureux ceux qui écoutent la Parole de Dieu et qui la gardent. » « Tends l’oreille » (littéralement « incline ton oreille ») ajoute une notion d’humilité, qui seule permet l’obéissance.
Le psalmiste s’adresse à la reine avec l’autorité de Dieu. Il s’agit d’une princesse étrangère à Israël, venue de Tyr, capitale de la Phénicie, célèbre par son commerce et ses richesses. Cette épouse doit oublier tout son passé pour se donner à son époux. Elle est une image du peuple de Dieu de toute époque, issu de l’humanité corrompue, et appelé à renoncer à tout, pour tout recevoir de son céleste époux. Ainsi le psalmiste, par cet exemple, incite les autres nations à servir Dieu.
Le roi désirera la beauté spirituelle de la reine, par amour, et les filles, c’est à dire les habitants de cette terre, imploreront son visage, c’est à dire qu’elles seront soumises avec des présents.
Elle est parée de vêtements d’étoffes bordées de franges d’or, ainsi l’épouse est louée pour sa beauté intérieure et sa beauté extérieure.
Dans l’interprétation allégorique des Pères, les franges représentent la doctrine de l’Eglise. En effet le Christ a voulu se présenter l’Église à lui-même, rayonnante de beauté, sans tache, ni ride, ni aucun défaut, mais digne de Dieu et irréprochable (Éphésiens 5.27).
On peut comparer aussi cette description de l’amour du souverain envers sa bien-aimée à la volonté de Dieu d’établir une relation intime avec chacun et chacune d’entre nous. Dieu nous aime et souhaite que nous fassions de sa personne, la priorité dans notre vie.
Et il invite chacun à oublier sa manière de vivre provenant de sa nation paternelle afin de saisir cette bénédiction extraordinaire venant de notre nouvelle naissance.