En lien avec l'Institut Catholique de Paris et la Conférence des Évêques de France
Jean Baptiste : « c’est lui le Fils de Dieu »
Dirk Bouts le vieux, (1415/20-1475) voici l’agneau de Dieu, 1462/64, ancienne pinacothèque de Munich.
Dirk Bouts est un peintre néerlandais de l’époque des primitifs flamands. Il a réalisé essentiellement des tableaux religieux, où il manifeste sa maîtrise de la perspective dans des décors précis dans lesquels les personnages s’intègrent de façon parfaitement cohérente.
Ici est représenté l’épisode où Jean Baptiste reconnaît et montre à ses disciples Jésus comme l’agneau de Dieu.
Jean porte un habit couleur poil de chameau et beau manteau rouge, il est le seul à porter des couleurs vives, ce qui en fait le personnage saillant du tableau. Il pose la main gauche sur un homme en prière, le donateur du tableau, tout en lui montrant de sa main droite, Jésus. Il est là essentiellement pour que Jean montre Jésus tant à lui qu’à nous spectateur.
Jésus à gauche de l’autre coté de la rivière est ainsi placé dans un espace particulier, son visage se détache grâce aux masses sombres de la végétation au 2e plan. Il semble marcher vers nous, face à face impressionnant. Le Christ est peint dans un hiératisme souverain et pourtant bien incarné, ainsi Bouts veut nous faire sentir la double nature du Christ, a la fois humaine et divine. Il ne veut pas peindre une « image » mais veut nous conduire à faire l’expérience d’un mystère, celui de la venue du Christ sur terre pour racheter l’humanité.
Les trois personnages n’ont aucun attribut indiquant leur sainteté pas d’éléments surnaturels, anges ou auréoles. et sont bien intégrés dans la nature,
Le paysage est superbe , le Jourdain sépare le tableau en deux parties. Au milieu de la rivière un arbre frêle renforce la perspective atmosphérique un peu floue de l’arrière plan. Le fleuve nous conduit au loin vers l’horizon tandis que Jésus, en contre mouvement, s’avance vers nous.
Le texte biblique
Le lendemain, comme Jean Baptiste voyait Jésus venir vers lui, il dit : « Voici l’Agneau de Dieu, qui enlève le péché du monde ;
c’est de lui que j’ai dit : Derrière moi vient un homme qui a sa place devant moi, car avant moi il était.
Je ne le connaissais pas ; mais, si je suis venu baptiser dans l’eau, c’est pour qu’il soit manifesté au peuple d’Israël. »
Alors Jean rendit ce témoignage : « J’ai vu l’Esprit descendre du ciel comme une colombe et demeurer sur lui.
Je ne le connaissais pas, mais celui qui m’a envoyé baptiser dans l’eau m’a dit : ‘L’homme sur qui tu verras l’Esprit descendre et demeurer, c’est celui-là qui baptise dans l’Esprit Saint.’
Oui, j’ai vu, et je rends ce témoignage : c’est lui le Fils de Dieu. »
Jn 1 29-34
Commentaires
Après un témoignage en contexte hostile où les auditeurs de Jean Baptiste doit se définir par rapport à Jésus, le lendemain, il témoigne devant ses disciples.
Jésus est identifié comme l’agneau de Dieu qui ôte le péché du monde. Pour comprendre le sens de cette expression, il faut connaître les traditions juives. L’image de l’agneau avait été appliquée en effet au futur chef d’Israël. Dieu ferait pousser les cornes du frêle agneau et le transformerait en bélier vainqueur. Une manière d’évoquer la revanche des pauvres et des faibles en Israel. L’image pouvait être reportée sur le Messie futur. Selon l’attente générale, le Messie devait instaurer dans le pays un règne de sainteté et de justice. On trouve cette expression dans l’Ancien Testament, Is 53,7 : « Brutalisé, il s’humilie ; il n’ouvre pas la bouche, comme un agneau traîné à l’abattoir, comme une brebis devant ceux qui la tondent : elle est muette ; lui n’ouvre pas la bouche. ». Jean Baptiste verrait ainsi en Jésus la figure du serviteur souffrant qui prend sur lui la condition pécheresse du monde. L’agneau apporte la délivrance et la sainteté. L’image résonne d’espérance.
La version du baptême de Jésus que donne Jean est bien différente de celle des trois autres évangiles. C’est Jean Baptiste qui voit l’Esprit descendre et demeurer sur Jésus. Ses yeux de chair voit un homme, « derrière moi vient un homme ». La révélation de Dieu lui donne de voir en Jésus le Fils de Dieu. Ainsi s’établit la continuité entre l’agneau du serviteur souffrant et le serviteur élu de Dieu. Jean attribue à Jean Baptiste une foi qui n’est possible qu’après la révélation pascale : pour lui Jésus est l’agneau de Dieu, celui qui préexiste, le fils de Dieu rempli par l’Esprit.