En lien avec l'Institut Catholique de Paris et la Conférence des Évêques de France
sainte Thérèse Bénédicte de la Croix, (Edith Stein), parabole des vierges folles et des vierges sages.
Les vierges folles et les vierges sages, manuscrit, Codex Rossano, Ms EAB 644, 6e siècle, Musée Rossano, Rossano, Italie
L’évangéliaire de Rossano est un manuscrit enluminé sur parchemin pourpre en écriture grecque onciale (graphie particulière des alphabets latin et grec utilisée aux 3/7e, créée à partir de la majuscule et de l’ancienne cursive romaine) en or et argent. Ce manuscrit contient les évangiles de Matthieu et de Marc. Il est de type byzantin. Il fut trouvé dans la cathédrale Santa Maria Achiropita de Rossano au 19e.
La représentation divise la scène en deux : après la fermeture de la porte les vierges folles et les vierges sages bien séparées. À gauche les vierges folles en robes sombres, leurs lampes éteintes les fioles d’huile sont vides. Pas de lumière de ce coté de la porte. L’une d’elle de noir habillée, frappe à la porte suppliant l’époux de lui ouvrir. De l’autre coté de la porte l’époux représenté comme Jésus, en maitre auréolé et la main levée symétrique de la main de la femme, dit à ces jeunes filles « amen je ne vous connais pas ».
Sur la partie droite les vierges sages, toutes vêtues de robes blanches resplendissantes, portent haut des lampes allumées aux flammes vives et leurs fioles d’huile sont à demi pleines. Derrière elles sont figurés des arbres pleins de fruits, une rivière coule abondamment provenant de quatre sources correspondant aux quatre évangiles, la Parole: le jardin luxuriant est la maison de l’époux présenté comme le jardin d’Éden.
Le texte biblique
« Alors, le Royaume des cieux sera comparable à dix jeunes filles invitées à des noces, qui prirent leur lampe et s’en allèrent à la rencontre de l’époux.
Cinq d’entre elles étaient insensées, et cinq étaient prévoyantes :
les insensées avaient pris leur lampe sans emporter d’huile,
tandis que les prévoyantes avaient pris, avec leur lampe, de l’huile en réserve.
Comme l’époux tardait, elles s’assoupirent toutes et s’endormirent.
Au milieu de la nuit, un cri se fit entendre : ‘Voici l’époux ! Sortez à sa rencontre.’
Alors toutes ces jeunes filles se réveillèrent et préparèrent leur lampe.
Les insensées demandèrent aux prévoyantes : ‘Donnez-nous de votre huile, car nos lampes s’éteignent.’
Les prévoyantes leur répondirent : ‘Jamais cela ne suffira pour nous et pour vous ; allez plutôt vous en procurer chez les marchands.’
Pendant qu’elles allaient en acheter, l’époux arriva. Celles qui étaient prêtes entrèrent avec lui dans la salle des noces et l’on ferma la porte.
Plus tard, les autres jeunes filles arrivent à leur tour et disent : ‘Seigneur, Seigneur, ouvre-nous !’
Il leur répondit : ‘Amen, je vous le dis : je ne vous connais pas.’
Veillez donc, car vous ne savez ni le jour ni l’heure.
Mt 25, 1-13
Commentaires
Ce passage provient de la dernière étape de l’évangile de Matthieu, où l’évangéliste annonce la venue définitive du royaume en Jésus. Quels signes l’annoncent ? Quand cela se passera-t-il ?
Jésus s’exprime en paraboles, les trois premières présentent la dernière venue du Fils de l’Homme comme un événement soudain et inattendu. Mais cela pourrait transformer la vie chrétienne en un chemin d’angoisse perpétuelle. Alors Jésus met l’accent sur la gestion du temps présent et trois récits traitent de la vigilance nécessaire pour chacun de nous. Nous lisons aujourd’hui la parabole des dix vierges à la rencontre de l’Époux.
Comme l,es filles de Jérusalem du Cantique des Cantiques où les rabbins voyaient le symbole des disciples portant la lumière de la Loi et veillant dans l’attente du Messie, la communauté chrétienne doit veiller. Il faut être prêt quand viendra l’Époux.
Il y a quelques temps nous lisions la parabole où Jésus opposait l’homme avisé qui bâtit sur le roc et l’insensé qui construit sur le sable (Mt 7,24-26). Ce sont les mêmes adjectifs qui qualifient les jeunes filles invitées aux noces et qui placent ainsi l’attente de la fin sur le plan de la sagesse. Deux groupes de jeunes filles sont opposées dans la situation d’une invitation à un mariage, l’époux compris comme Jésus lui-même. L’époux se fait attendre, tout le monde s’endort. Sa brusque arrivée réveille tout le monde et chacun s’apprête à partir. Certaines filles n’avaient pas prévu assez d’huile pour leur lampe et autre acte insensé elles partent à la quête d’un commerçant en pleine nuit. L’heure est arrivée, c’est le moment fatidique où personne ne peut plus rien pour l’autre… Les jeunes filles prévoyantes entrent avec l’époux dans la salle du banquet, la porte se ferme. Elles ont beau supplier «Seigneur, Seigneur » mais l’époux les ignore, les repousse même avec une antique formule de bannissement « je ne vous connais pas », je n’ai plus rien à voir avec vous. . Et la fin de la parabole invite à veiller, c’est à dire à se tenir toujours prêt. Pour participer à cette fête , être invité ne suffit pas, il faut s’être préparé.
Cette fête est présentée de manière particulière, rappelant que de très loin les rites des noces juives du 1er siècle. En effet les le récit rassemble des traits allégoriques qui sont compris par les premiers chrétiens comme des termes suggérant la parousie, la venue du Christ à la fin des temps. L’époux est le Christ et les jeunes filles représentent l’Église qui se porte au-devant du Christ. Le retard symbolise la longue attente de la parousie. Accéder à la salle des noces, c’est entrer dans le Royaume. La porte close rappelle la fin du discours sur la montagne (Mt 7, 22-23 : « Ce jour-là, beaucoup me diront : ‘Seigneur, Seigneur, n’est-ce pas en ton nom que nous avons été prophètes, en ton nom que nous avons chassé les démons, en ton nom que nous avons fait beaucoup de miracles ?’ Alors je leur déclarerai : ‘Je ne vous ai jamais connus. Écartez-vous de moi, vous qui faites le mal !’ »
Le chrétien ne peut être un être inquiet par l’imminence de la fin. Il doit prendre ses dispositions pour gérer sa foi dans la durée, ne pas vivre que dans l’instant présent.