En lien avec l'Institut Catholique de Paris et la Conférence des Évêques de France
La maison bâtie sur le roc
Gustave Courbet (1819-1877), le chateau de Thoraise, 1865, coll privée
Originaire d’Ornans, près de Besançon, Courbet a réalisé de nombreux paysages de sa région. Ce château de Thoraise est situé sur un méandre du Doubs, bâti à l’aplomb d’un rocher abrupt. Solidement ancré sur la roche il occupe une situation stratégique de choix. Courbet le peint après son séjour à Paris qu’il a du quitter pour raisons politiques.
Courbet est le chef de file d’un courant de peinture du 19e, le réalisme. « la peinture est un art essentiellement concret et ne peut consister que dans la représentation des choses réelles et existantes » dit-il.
La nature qu’il dépeint est rude, marquée géologiquement par l’érosion qui façonne les paysages karstiques.
Courbet réalise des paysages ancrés dans le réel, mais en plus il leur donne un sens, il y fait passer une émotion vécue.
Les tonalités sont froides, marquées par la force des éléments. Courbet utilise la technique au couteau avec une matière grasse, ce qui rend sa toile rugueuse, et donne de la force au paysage représenté.
La composition est remarquable. La longue falaise de calcaire permet de diviser la peinture en deux plans contrastés : le plan inférieur est luxuriant, verdoyant, et au-dessus la falaise crayeuse sur laquelle est construite solidement le château.
Le texte biblique
Il ne suffit pas de me dire : ‘Seigneur, Seigneur !’, pour entrer dans le Royaume des cieux ; mais il faut faire la volonté de mon Père qui est aux cieux.
Ce jour-là, beaucoup me diront : ‘Seigneur, Seigneur, n’est-ce pas en ton nom que nous avons été prophètes, en ton nom que nous avons chassé les démons, en ton nom que nous avons fait beaucoup de miracles ?’
Alors je leur déclarerai : ‘Je ne vous ai jamais connus. Écartez-vous de moi, vous qui faites le mal !’
Tout homme qui écoute ce que je vous dis là et le met en pratique est comparable à un homme prévoyant qui a bâti sa maison sur le roc.
La pluie est tombée, les torrents ont dévalé, la tempête a soufflé et s’est abattue sur cette maison ; la maison ne s’est pas écroulée, car elle était fondée sur le roc.
Et tout homme qui écoute ce que je vous dis là sans le mettre en pratique est comparable à un homme insensé qui a bâti sa maison sur le sable.
La pluie est tombée, les torrents ont dévalé, la tempête a soufflé, elle a secoué cette maison ;
la maison s’est écroulée, et son écroulement a été complet. »
Jésus acheva ainsi son discours. Les foules étaient frappées par son enseignement,
car il les instruisait en homme qui a autorité, et non pas comme leurs scribes.
Matthieu -7,21-29
Commentaires
Nous lisons aujourd’hui un nouveau passage du sermon sur la montagne de Matthieu.
La critique des responsables chrétiens se fait plus directe. Jésus ne les jugera pas sur leurs belles prières, ni sur les miracles accomplis en son nom, mais sur la conformité de leur conduite à la volonté de Dieu.
Cette fois Jésus prend pour image la maison. Bâtir sa maison est un des projets les plus importants de la vie. Dans les Psaumes on lit déjà : « si ce n’est pas le Seigneur qui bâtit la maison, vaine est la tâche des maçons. » (Ps 127,1). On y trouve aussi souvent l’expression : « Seigneur, mon roc ». Jésus emploie des images connues du public qui l’écoute.
Comment le vrai disciple peut-il fonder sa vie sur Dieu ? Écouter Jésus ne suffit pas, il faut réaliser ce qu’il enseigne. Les verbes faire, agir, mettre en pratique reviennent à plusieurs reprises.
« Celui qui écoute ma parole sans la mettre en pratique est un insensé!». Les croyants sont des disciples responsables et doivent agir eux-mêmes.
C’est une invitation à introduire notre foi dans le quotidien de la vie, la foi et la vie doivent être en cohérence profonde.
Entre la maison construite sur le sable et celle sur le roc, il n’y a pas de différence apparente, mais c’est quand viennent les tempêtes, les inondations, les grands vents, les tremblements de terre, qu’on voit sur quoi est construite la maison.
Toutes ces tempêtes sont les difficultés de notre vie, santé, deuils, échecs…
Selon Jésus, construire sur le roc c’est d’abord ne pas s’appuyer sur soi-même, mais sur Dieu ; lui faire totalement confiance, en lui remettant tout ce que l’on est et tout ce que l’on fait. Cela n’empêche pas, et au contraire de faire fructifier nos talents, de tenir notre lampe allumée, de nous comporter en bon samaritain, de pardonner, à l’image de Celui qui a toujours fait la volonté de son Père.