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Centre d'enseignement de théologie à distance

David et Goliath

Bernin, 1598-1680), David, 1623-24, Villa Borghèse, Rome.

 

Ce sujet du David est un thème très apprécié à la Renaissance; Si Donatello, Verrochio, Michel Ange ont traité David comme un héros très calme, avec pour attribut soit la tête de Goliath soit la fronde de David. Le Bernin produit quant à lui, un David en action, au moment où il ajuste son tir.

 

C'est le Cardinal Scipione Borghèse qui a commandé la statue de David avec une fronde face à l'armée philistine et au géant Goliath. La sculpture fut réalisée en sept mois ! et remporta rapidement un vif succès, entrainant de nouvelles commandes au Bernin.

 

La cuirasse donnée à David par le roi Saül avant la rencontre avec Goliath, git sur le terrain avec la harpe dont David jouera après sa victoire. Elle est décorée d'une tête d'aigle (référence aux armes de la famille Borghese), cette harpe ne faisant pas partie du texte biblique !

 

Les mouvements de David sont présentés de façons multiples.

A droite, la foulée du héros est montrée presque dans un saut, pour tendre sa fronde.

Devant, est décrite la pose de David, juste une seconde avant le coup mortel sur Goliath.

Enfin, la diagonale permet de saisir cet équilibre entre le rythme du mouvement et la pose.

David est présenté nu, seulement couvert d'une étole qui accentue l'effet du mouvement du corps.

 

Ainsi Bernin produit une œuvre révolutionnaire par rapport aux œuvres de son époque, présentant mouvement et profondeur psychologique nouveaux, Bernin assumant la révolution baroque, réalisant une sculpture non frontale, et de développant dans l'espace. David exprime toute sa colère et son énergie dans son visage, il serre les lèvres, fronce énergiquement le front…

Nous avons là la représentation d'un grand héros, à la mode humaniste, loin d'un berger se mesurant à un géant terrifiant ! mais proche du David, dont la bravoure est célébrée dans la Bible par ailleurs.

Le texte biblique

David dit au roi Saül : « Que personne ne perde courage à cause de ce Philistin. Moi, ton serviteur, j'irai me battre avec lui. »

Saül répondit à David : « Tu ne peux pas marcher contre ce Philistin pour lutter avec lui, car tu n'es qu'un enfant, et lui, c'est un homme de guerre depuis sa jeunesse. »

 

 David insista : « Le Seigneur, qui m'a sauvé des griffes du lion et de l'ours, me sauvera des mains de ce Philistin. » Alors Saül lui dit : « Va, et que le Seigneur soit avec toi ! »

 

 David prit son bâton, il choisit dans le torrent cinq cailloux bien ronds et les mit dans une poche de son sac de berger ; puis, la fronde à la main, il marcha vers le Philistin.

 Le Philistin s'avança, précédé de son porte-bouclier, et arriva près de David.

 Lorsqu'il le vit, il le regarda avec mépris car c'était un jeune garçon ; il était roux et de belle apparence.

 Le Philistin lui dit : « Suis-je donc un chien, pour que tu viennes contre moi avec un bâton ? » Et il lui lança une malédiction en invoquant ses dieux.

Il dit à David : « Viens ici, que je te donne en pâture aux oiseaux du ciel et aux bêtes sauvages ! »

David lui répondit : « Tu marches contre moi avec l'épée, la lance et le javelot, mais moi, je marche contre toi au nom du Seigneur des armées, le Dieu des troupes d'Israël que tu as insulté.

 Aujourd'hui le Seigneur va te livrer en mon pouvoir, je vais te tuer, te trancher la tête, donner aujourd'hui même les cadavres de l'armée philistine aux oiseaux du ciel et aux bêtes sauvages. Toute la terre saura qu'il y a un Dieu pour Israël,

et tous ces gens rassemblés sauront que le Seigneur ne donne la victoire ni par l'épée ni par la lance, mais que le Seigneur combat lui-même, et qu'il vous livre entre nos mains. »

 Goliath s'était avancé et venait à la rencontre de David. Celui-ci s'élança et courut vers les rangs des ennemis au-devant du Philistin.

Il plongea la main dans son sac, et en retira un caillou qu'il lança avec sa fronde. Il atteignit le Philistin au front, le caillou s'y enfonça, et Goliath tomba la face contre terre.

Ainsi David triompha avec une fronde et un caillou : quand il frappa le Philistin à mort, il  David se précipita, et arrivé près du Philistin, il lui prit son épée, qu'il tira du fourreau, et le tua en lui tranchant la tête. Quand les Philistins virent que leur champion était mort, ils prirent la fuite.

 

1 sam 17, 32-51

 

Commentaires

Le combat de David contre Goliath est un épisode biblique bien connu ! Le  roi David, encore adolescent, abat le héros des Philistins, le géant Goliath d’un coup de fronde révélant ce qu'est la foi en Dieu.

 

Le héros se présente petit, armé d'un bâton et va tuer un guerrier gigantesque armé jusqu'aux dents .. l'historicité de ce fait peut facilement être mise en doute ! Surtout quand on lit quelques chapitres plus loin les exploits de héros de la guerre contre les Philistins où il est question par deux fois d'un guerrier monstrueux lié à la ville de Gath vaincu par un israélite qui est soit un habitant de Bethléem (comme David) soit un neveu de David (2 Sam 21, 19-21). Y a-t-il eu embellissement des faits d'armes du monarque ? Sa bravoure, bien réelle, a été  exaltée par tant de chants « Saül en a frappé mille, mais David, dix mille » ( 1 Sam 18,7). La vérité s'exprime ici sous le masque du conte. Il y a même des incohérences au cours du récit avec des faits évoqués ailleurs dans le livre !

 

Les récentes recherches ont évoqué qu'une légende a été composée entre l0e et le 6e siècle, et reprise autour de l'exil (6e siècle), afin d'aider à la compréhension du statut de la royauté qui a fini par faillir. Pourquoi ? Même David peut paraître comme un personnage ambigu : héros devant Goliath, il sera brutal envers Bethsabée et lâche devant ses fils (cf 2 Sam 11-13). Dans la Bible la politique internationale s'efface devant les conduites individuelles et devant l'écoute (ou la non écoute) de la Loi, Parole divine qui crée, qui sauve.

On préfère, face au monarque vieillissant, le jeune David, apparaissant faible, qui agit par la force de Dieu. L'action divine se conjugue avec l'adresse et l'agilité du jeune enfant qui a mis sa confiance en Dieu, et ainsi le jeune est mû par la force d'un Autre.

 

David s'est présenté devant Saül, et lui présente son projet de s'opposer à Goliath. Bien qu'il le juge incapable, Saül prête son armure que David négligera en faveur de ses humbles instruments de berger. Cette armure de Saül évoque tous les recours et précautions de la sagesse humaine… et la foi les considèrera comme une entrave. David argumente en racontant ses exploits dans le désert face aux animaux sauvages pour délivrer ses brebis, se montrant comme un bon berger !

Goliath voyant le jeune David s'avancer sans armes, insulte son adversaire avec mépris. David annonce qu'il marche au nom du Seigneur, il pourrait réciter le psaume «L'Éternel est la force de ma vie; de qui aurai-je frayeur?» (Ps 27,1).

La victoire rapide de David illustre la puissance de la foi.

 

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