En lien avec l'Institut Catholique de Paris et la Conférence des Évêques de France
La conversion du cœur
Dierk Bouts, (v 1445-1475), la pâque juive, détail du retable du Saint sacrement, 1464-67, collégiale Saint-Pierre à Louvain.
Bouts est un peintre néerlandais actif à l’époque des primitifs flamands
On connaît peu de choses sur cet artiste. La notice biographique que lui consacre Carel van Mander (1604) est, de l’aveu même de l’auteur, très lacunaire
En 1468, il est nommé peintre officiel de la ville de Louvain, Bouts compte parmi les plus importants artistes de son temps.Il est fameux pour ses nombreux tableaux religieux
Ses œuvres se caractérisent d’une part par leur structure spatiale ou s’accentue l’inclinaison du sol pour ouvrir l’angle de vue et d’autre part par l’influence de l’enluminure hollandaise.
Ce retable est la première œuvre flamande connue appliquant rigoureusement les lois de la perspective géométrique.
La scène d’un repas juif festif ( à l’occasion de la fête de la Pâque) est représenté dans une salle d’une belle maison bourgeoise du 15e siècle, haute fenêtre à meneaux et grande cheminée.
Les participants au festin revêtent des vêtements traditionnels juifs, avec des chapeaux caractéristiques. Les couleurs traduisent un grand raffinement. Dans le superbe plat en étain au centre de la table est présenté un agneau. Tout est net, beaucoup de soin a été apporté à la préparation du repas. Chaque personnage fait preuve du recueillement et de la retenue appropriés à la solennité du repas rituel.
Le texte biblique
Comme Jésus parlait, un pharisien l’invita pour le repas de midi. Jésus entra chez lui et se mit à table.
Le pharisien fut étonné en voyant qu’il n’avait pas d’abord fait son ablution avant le repas.
Le Seigneur lui dit : « Bien sûr, vous les pharisiens, vous purifiez l’extérieur de la coupe et du plat, mais à l’intérieur vous êtes remplis de cupidité et de méchanceté.
Insensés ! Celui qui a fait l’extérieur n’a-t-il pas fait aussi l’intérieur ?
Donnez plutôt en aumônes ce que vous avez, et alors tout sera pur pour vous.
Lc 11, 37-41
Commentaires
Ce passage se situe au moment où Luc décrit la montée des hostilités envers Jésus sur sa route vers Jérusalem. Les foules se pressent autour de lui, mais Jésus refuse toujours de donner des signes pour faire comprendre son message. Un seul a suffi, il a donné le signe de Jonas, c’est à dire de la conversion des païens de Ninive, raconté juste avant notre passage.
Ici Jésus est invité pour le repas de la mi-journée, par un pharisien, c’est l’occasion pour lui de marquer sa différence : il suscite l’étonnement de son hôte en ne faisant pas les ablutions rituelles. Pour les pharisiens ce n’est pas une question d’hygiène, mais c’est un remède religieux obligatoire pour éviter des des impuretés rituelles, ou contagieuses. Jésus vient d’être en contact avec un démoniaque ou avec la foule.
C’est sur ce problème de pureté que Jésus, le Seigneur, intervient. Luc insiste par ce titre donné, sur l’autorité doctrinale de Jésus.
Et Jésus répond en dressant une liste de reproches aux pharisiens.
Le reproche joue sur l’antithèse extérieur/intérieur et passe de la pratique rituelle au comportement éthique, du lavage des mains et des vases a l’impureté intérieure. Le potier a fabriqué intérieur et extérieur de la coupe ! De même le Créateur est tout aussi préoccupé de l’intérieur de l’être humain que de son extérieur. Et Jésus affirme que l’aumône se substitue à toutes les règles de pureté. Reprenant l’affirmation de Tobie « l’aumône purifie de tout péché » (Tb 12,9)
Ainsi Jésus lance un appel à la conversion. Jésus reproche aux pharisiens leur hypocrisie :
ils sont persuadés d’accomplir la Loi de Dieu, mais ils refusent de voir que la seule chose demandée est la confiance et la remise totale de soi à Dieu, en abandonnant tous les soucis mondains et même la perfection suspecte de l’observation de la Loi.