En lien avec l'Institut Catholique de Paris et la Conférence des Évêques de France
Saint Michel
Saint Michel combattant le dragon – Heures d'Étienne Chevalier, enluminure par Jean Fouquet, Londres, Upton House, Collection Lord Bearsted, Cat. N°184.
Autour de 1450, Etienne Chevalier (vers 21410-1474) grand commis d'Etat, commanda à Jean Fouquet ce livre d'heures, dans lequel ses armoiries, son nom ou ses initiales sont ominiprésents.
Un livre d'heures est un recueil contenant les psaumes et les prières dont la récitation rythme les heures de la journée. C'est en fait une adaptation d'un bréviaire à l'usage des laïcs.
Dans les « Heures d'Etienne le Chevalier », Jean Fouquet marque un tournant dans l'histoire de l’enluminure française, notamment en changeant les mises en page traditionnelles ; ilnaugure un format d'illustration radicalement nouveau. Fouquet élimine les bordures florales et récupère au profit de l'image le maximum de surface disponible dans la page. La miniature devient alors tableau.
Cette page représente une scène inspirée du chapitre 12 de l'Apocalypse qui décrit le combat de saint Michel contre le dragon, symbole des forces du Mal. Assisté par les anges, dont l'un tient son heaume et sa lance, Michel lève son épée sur le monstre à sept têtes devant un paysage montagneux et fantastique. En contrebas s'ouvrent les cavernes de l'enfer où Satan préside à la torture des âmes. À droite, on aperçoit au milieu des flammes le dragon désormais repoussé par l'archange.
Cette enluminure est construite comme un véritable tableau avec une compositions en diagonale, d'un coté Michel et les deux séries d'anges, aux ailes bleues, l'une proche de Michel, atrmés de lances pour le soutenir dans son combat, l'autre plus éloignée dans le bleu profond du ciel qui doivent prier ! De l'autre coté le dragon aux sept têtes prolongées par des langues pointues et agressives représenté sur un fond rocheux.
Le bas du tableau est composé de trois scènes de l'enfer, où les flammes dévorent le diable, les damnés et encore des dragons.
Regardant les ailes rouges victorieuses de saint Michel, reprenons le tropaire (chant de la musique byzantine) à saint Michel,
Grand chef des milices célestes,
Nous te prions indignes que nous sommes,
De nous protéger par tes prières
Et de nous garder à l'ombre des ailes de ton immatérielle gloire,
Nous qui à genoux instamment t'implorons,
Délivre-nous des dangers,
Grand prince des puissances d'en-haut.
Le texte biblique
Il y eut alors un combat dans le ciel : celui de Michel et de ses anges contre le Dragon.
Le Dragon, lui aussi, combattait avec l'aide des siens, mais ils furent les moins forts et perdirent leur place dans le ciel.
Oui, il fut rejeté, le grand Dragon, le serpent des origines, celui qu'on nomme Démon et Satan, celui qui égarait le monde entier. Il fut jeté sur la terre, et ses anges avec lui.
Alors j'entendis dans le ciel une voix puissante, qui proclamait :« Voici maintenant le salut, la puissance et la royauté de notre Dieu, et le pouvoir de son Christ ! Car l'accusateur de nos frères a été rejeté, lui qui les accusait jour et nuit devant notre Dieu.
Et eux, ils l'ont vaincu par le sang de l'Agneau et le témoignage de leur parole. Dépassant l'amour d'eux-mêmes, ils sont allés jusqu'à la mort.
Ciel, sois donc dans la joie, ainsi que vous tous qui demeurez aux cieux.
Ap 12,7-12a
Commentaires
Ce passage de l'Apocalypse, après les lettres aux Églises, annonce la, terrible épreuve que l'auteur de l'Apocalypse voit s'approcher : la persécution menée par l'Empire romain. L'Église va être affrontée à un état totalitaire, forcée au choix entre l'adoration du Seigneur Jésus ou de César..
Dans le passage que nous lisons aujourd'hui, l'empire romain est présenté comme le grand Dragon combattant l'Eglise.
L'enjeu véritable de cette lutte, c'est le combat victorieux mené par Dieu, représenté par un ange au nom symbolique de Michel, c'est à dire « qui est comme Dieu ?», contre Satan. A ce combat cosmique participent les forces de la nature : la création n'est-elle pas liée au sort de l'homme? (Rm 8,19-21).
Dieu est vainqueur. Satan pour quelques temps encore, le temps de l'histoire, peut chercher à nuire à la descendance de la femme. Mais les hommes savent que le diable est vaincu.
On peut donc aborder, dans la foi, l'aspect humain de ce combat gigantesque.
La voix qui proclame dans le ciel une hymne donne la note spécifiquement chrétienne : elle apporte la révélation, c’est-à-dire la signification finale de la vision. Après une texte narratif on passe à la « proclamation » : le salut est annoncé pour maintenant, le Dragon a été définitivement vaincu par le Christ ; et les frères persécutés à leur tour ont été vainqueurs, préférant le Christ à leur propre vie, ils ont passé la mort et sont entrés dans la joie céleste ? L'appel à la réjouissance est là pour célébrer la royauté de Dieu et du Christ.