En lien avec l'Institut Catholique de Paris et la Conférence des Évêques de France
L’amour de Dieu et l’amour du prochain
Moïse recevant la Loi, 1544, Reymond Pierre (actif en 1537-après 1584) , coffret décoré, émail peint, Ecouen Musée de la Renaissance
Ce décor est bien divisé en deux parties : à gauche Moïse reçoit la Loi. Dieu est représenté régnant dans les cieux séparés de la terre par une couronne de nuages. Homme âgé, sage, auréolé, objet de l'amour des hommes. Son regard est tourné vers le peuple. Il donne la loi à Moïse sous la forme traditionnelle de deux tables où sont inscrits les textes du Décalogue (Exode 20, Deutéronome 5)..
A droite le peuple de Dieu vacant à ses occupations, pour qui la Loi a été écrite. Ici pas de veau d'or, mais le paisible spectacle d'hommes à qui le livre du Levitique demande d'aimer leur prochain, comme ils aiment Dieu.
Le texte biblique
Un scribe qui avait entendu la discussion, et remarqué que Jésus avait bien répondu, s'avança pour lui demander : « Quel est le premier de tous les commandements ? »
Jésus lui fit cette réponse : « Voici le premier : Écoute, Israël : le Seigneur notre Dieu est l'unique Seigneur.
Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton coeur, de toute ton âme, de tout ton esprit et de toute ta force.
Voici le second : Tu aimeras ton prochain comme toi-même. Il n'y a pas de commandement plus grand que ceux-là. »
Le scribe reprit : « Fort bien, Maître, tu as raison de dire que Dieu est l'Unique et qu'il n'y en a pas d'autre que lui.
L'aimer de tout son coeur, de toute son intelligence, de toute sa force, et aimer son prochain comme soi-même, vaut mieux que toutes les offrandes et tous les sacrifices. »
Jésus, voyant qu'il avait fait une remarque judicieuse, lui dit : « Tu n'es pas loin du royaume de Dieu. » Et personne n'osait plus l'interroger.
Marc 12,28-34
Commentaires
Dans le temple les chefs des prêtres, les scribes et les anciens interrogent Jésus sur son autorité. Jésus refuse de répondre, mais parle en paraboles.
Au cœur de cette série de controverses, ce dialogue avec le scribe au sujet du plus grand commandement fait figure d'exception.
Le scribe n'est animé d'aucune mauvaise intention. En écoutant les précédentes réponses de Jésus, le scribe avait remarqué la justesse des dires de Jésus.
Sa question reprend une problématique connue dans le judaïsme de l'époque. La réponse de Jésus ne reprend pas le Décalogue (Ex 20,1-17), mais un autre texte qui n'est que le Shema d'Israël, la confession de foi israélite (Dt 6,4-5) au Dieu unique qui veut être aimé totalement; mais à ce commandement la tradition juive prenait soin d'en ajouter un autre : l'amour du prochain, selon Lévitique 19,18 : « Tu aimeras ton prochain comme toi-même. Je suis le Seigneur ! ». Jésus, à son tour, enchaine l'amour du prochain à celui de Dieu.
Quand le scribe parle de premier commandement il entend « le premier commandement de toutes choses » : le scribe veut savoir l'essentiel, le coeur de la Torah, la clé qui ouvre la compréhension de tout.
Jésus répond en citant le Deutéronome : « Écoute, Israël : le Seigneur notre Dieu est l'Unique.
Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de toute ta force ». Il s'agit là du fondement de la foi monothéiste que chaque juif doit réciter matin et soir, ainsi Jésus montre qu'il s'enracine dans cette foi,.
Comme certains rabbis de l’époque, et de façon plus ferme encore, Jésus noue à ce grand commandement, le second qui lui est équivalent et qui porte sur l’amour du prochain.
Le scribe approuve, et même répète les propos de Jésus. Il affirme l'unicité de Dieu. Sa conclusion s'inscrit dans la ligne de l'oracle d'Osée : « Car c'est l'amour que je désire, et non les sacrifices,la connaissance de Dieu, plutôt que les holocaustes.» (Os 6,6) ou encore d'autres textes (1 S 15,22 ou Is 29,13).
Ainsi Jésus a des paroles bienveillantes à l'égard d'un scribe, appréciant que le scribe fasse un lien étroit entre l'amour de Dieu et l'amour du prochain et qu'il affirme la supériorité du double commandement sur le culte sacrificiel.
La qualité de l'entretien est exemplaire et personne n'ose plus interroger Jésus, le temps des controverses est résolu.