En lien avec l'Institut Catholique de Paris et la Conférence des Évêques de France
L’enseignement assidu des apôtres
Charles Poerson (Père) (1609-1667 ?) : Simon Saint Pierre : Saint Pierre prêchant à Jérusalem – chapelle saint Pierre à Notre Dame de Paris
Moins connu que son fils (directeur de l'Académie de France à Rome), élève de Simon Vouet, Charles Poerson, a réalisé ce tableau sur la commande de de la guilde des forgerons pour en faire don à la cathédrale Notre Dame de Paris.
On voit saint Pierre s'adresser avec fougue à la foule amassée devant le temple de Jérusalem. Il est imposant par le geste ample de ses bras, sa stature impressionnante, le coloris raffiné de ses vêtements, bleu et jaune safran et son attitude forte et droite s'opposant aux courbes de la colonne. Ses yeux sont tournés vers le ciel, ses paroles semblent lui être inspirées par l'Esprit Saint qu'il invoque pour tenir tête aux membres du Sanhédrin.
La foule attentive, amassée autour de lui, est bigarrée. Hommes juifs, vieillards, femmes, enfants simplement vêtus.
Au premier plan, à gauche, un soldat, vu de dos, coiffé d’un casque orné de plumes, et, à droite, une femme allongée tenant dans les bras son enfant qu’elle vient d’allaiter. Le personnage de droite qui s’accroche à la colonne et se contorsionne comme la colonne ! La parole de Dieu s'adresse à tous.
Le texte biblique
Il amena les Apôtres devant le grand conseil, et le grand prêtre les interrogea :
« Nous vous avions formellement interdit d'enseigner le nom de cet homme-là, et voilà que vous remplissez Jérusalem de votre enseignement. Voulez-vous donc faire retomber sur nous le sang de cet homme ? »
Pierre, avec les Apôtres, répondit alors : « Il faut obéir à Dieu plutôt qu'aux hommes.
Le Dieu de nos pères a ressuscité Jésus, que vous aviez exécuté en le pendant au bois du supplice.
C'est lui que Dieu, par sa puissance, a élevé en faisant de lui le Chef, le Sauveur, pour apporter à Israël la conversion et le pardon des péchés.
Quant à nous, nous sommes les témoins de tout cela, avec l'Esprit Saint, que Dieu a donné à ceux qui lui obéissent. »
En entendant les Apôtres parler ainsi, les membres du grand conseil, exaspérés, projetaient de les faire mourir.
Ac 5, 27-33
Commentaires
Après une première arrestation, les apôtres ont été libérés par l'Ange du Seigneur, et aussitôt ils ont repris leur prédication avec ardeur. Aussi le Grand Conseil et les grands prêtres les convoquent à nouveau. Un nouvel interrogatoire a lieu. La colère de ne pas avoir été obéi se mêle à la crainte de la réaction du peuple qui risque de rendre les autorités responsables de la mort de Jésus.
Pierre commence par donner sa propre réponse à la question posée, affirmant qu'il faut obéir à Dieu plutôt qu'aux hommes. Ainsi la volonté des chefs juifs s'oppose à celle de Dieu, alors qu'ils se croient les représentants attitrés de Dieu, et la répression arbitraire qu'ils veulent exercer vis à vis des apôtres n'est inspirée que par des sentiments humains, ils ne veulent pas perdre la face. On mesure donc l'audace des apôtres qui étaient juifs eux aussi de parler ainsi au grand prêtre.
Puis il proclame solennellement sa foi nouvelle, sous une forme frappante pour ses interlocuteurs juifs. Le vocabulaire utilisé est lui-même inspiré de textes de l'Ancien Testament : la croix est évoqué par « en le pendant au bois du supplice », selon Deutéronome 21,33.
Les titres de « chef », « sauveur », peu utilisés dans le Nouveau Testament, désignent l’envoyé de Dieu qui apporte à Israël la conversion et le pardon des péchés. Le mot conversion signifie un changement radical d’état d’esprit et d’attitude, envers Dieu et envers les hommes. Ce changement est présenté ici comme un effet de la grâce de Dieu.
Pierre fait, pour la première fois depuis la Pentecôte, une allusion au don de l'Esprit Saint qui est, avec l'intermédiaire des apôtres, témoin de la glorification du Christ et du salut qui en dépend.
C’est l’Esprit qui opère le changement des cœurs, qui met chacun à l’écoute obéissante de la Parole de Dieu, et le fait entrer dans une vie nouvelle/
La réaction du Sanhédrin à cette ferme réplique de Pierre est violente. Exaspérés les membres du conseil, pour la première fois, envisagent de faire mourir les disciples…