En lien avec l'Institut Catholique de Paris et la Conférence des Évêques de France
La Visitation
Les frères de Limbourg (nés vers 1380, morts en 1416), très riches heures du duc de Berry, la Visitation, fol 38v. Musée Condé, Chantilly
Au Moyen Age, avant l’invention de l’imprimerie, vers 1450, les livres de dévotion tels que les Riches Heures, ont été écrits à la main sur des feuillet de parchemin préparés à partir de peau de chèvre, de mouton, de veau.
Jean de Berry fut l’un des premiers personnages du Royaume de France, fils de Jean II le Bon. Il avait des goûts fastueux. Il nous reste des manuscrits, dont ces très riches heures qui comportent 206 feuillets.
Un livre d’heures est un livre de prières à l’usage des laïcs. les offices étaient récités à des heures fixées par l’Eglise. De nombreuse prières annexes y furent ajoutées.
Le folio 38v présente la scène de la visitation.
Les deux femmes enceintes sont au centre d’un paysage à la fois urbain et montagneux. A gauche de Marie, la maison d’Elizabeth, et dans le fond une ville est blottie dans une vallée. L’auteur y a représenté la ville de Bourges, la capitale du Berry ! les montagnes sont escarpées ! la route fut longue et difficile pour Marie !
Marie, élégante et jeune, est enveloppée dans un beau vêtement bleu raffiné et précieux. Au-dessus d’elle une pluie de rayons dorés viennent du ciel. Elle porte un livre, symbole du Verbe de Dieu qu’elle a accepté de mettre au monde. Elisabeth, plus âgée, porte un beau vêtement rose, et s’agenouille devant sa cousine mais surtout devant son Seigneur porté par Marie.
Le pourtour de la page est très original, montrant la liberté de l’artiste : des scènes comiques n’ayant pas de rapport avec la scène de la visitation.
Le texte biblique
En ces jours-là, Marie se mit en route rapidement vers une ville de la montagne de Judée.
Elle entra dans la maison de Zacharie et salua Élisabeth.
Or, quand Élisabeth entendit la salutation de Marie, l'enfant tressaillit en elle. Alors, Élisabeth fut remplie de l'Esprit Saint,
et s'écria d'une voix forte : « Tu es bénie entre toutes les femmes, et le fruit de tes entrailles est béni.
Comment ai-je ce bonheur que la mère de mon Seigneur vienne jusqu'à moi ?
Car, lorsque j'ai entendu tes paroles de salutation, l'enfant a tressailli d'allégresse au-dedans de moi.
Heureuse celle qui a cru à l'accomplissement des paroles qui lui furent dites de la part du Seigneur. »
Lc 1,39-45
Commentaires
Est ici décrit un premier voyage, il y en aura tant dans l’Evangile de Luc ! La parole commence à faire son chemin, elle ira jusqu’à Rome, symbole des extrémités de la terre.
L’Esprit fait son œuvre en Elisabeth. Mais Dieu a besoin des hommes pour se faire connaître, ils doivent communiquer et réfléchir ; ici c’est la rencontre de Marie et Elisabeth qui est Parole.
Leur rôle n’est pas passif : Marie a entendu le message de l’ange lors de l’Annonciation, elle transmet le message.
Lorsque Elisabeth entend la salutation de Maire l’enfant qu’elle porte en son sein tressaille d’allégresse. Il est alors rempli de l’Esprit Saint comme annoncé précédemment : « il sera rempli de l’Esprit Saint dès le sein de sa mère » (1,15). Son tressaillement est le signe que l’enfant prophétise les temps nouveaux : il n’est pas besoin de mots pour reconnaître joyeusement la présence de celui qu’on attendait pour la fin des temps. Elisabeth est aussi remplie de l’Esprit saint et elle comprend ce qui se passe en elle, elle ne se contente pas de reconnaître que Marie et son enfant sont bénis des Dieu, elle confesse que Marie est la mère de son Seigneur. Elisabeth traduit en mots ce que l’enfant affirme en tressaillant : le fils de Marie est le Seigneur annoncé.
Le paroles d’Elisabeth sont donc avant tout une profession de foi christologique. Si Marie est porteuse du Messie, elle est la plus bénie de toutes les femmes. Elle est heureuse celle qui a cru. La béatitude concerne autant la maternité que la foi. C’est en croyant à l’accomplissement des paroles divines que Marie devient mère : sa foi était nécessaire pour que ces paroles s’accomplissent. Elle est le modèle du croyant.