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saint Grégoire
Raphaël (1483-1520), carton pour la tapisserie de la pêche miraculeuse, faisant partie de la tenture des actes des apôtres, 1513-1514, Victoria and Albert Museum, Londres
Ces tapisseries, commandées par Léon X, étaient destinées à compléter la décoration de la chapelle Sixtine, la partie inférieure des murs. Les dix cartons peints sur papier se apportent à la vie de saint Pierre et de saint Paul. Rompant d’une manière absolue avec la tradition gothique, ces cartons eurent une influence décisive dans l’histoire de la tapisserie.
Les cartons furent envoyés à Bruxelles, centre de tissage le plus réputé de l’époque où Léon X avait l’intention de faire exécuter les tapisseries dans l’atelier de Pieter Van Aelst.
Envoyées à Rome les sept tapisseries furent tendues pour la première fois dans la chapelle Sixtine à l’occasion de la messe pontificale célébrée le 26 décembre 1519. elles eurent un immense succès ; les trois dernières tapisseries ne furent achevées qu’en 1521.
Plusieurs versions de la tenture furent réalisées et conservées en divers lieux. Les cartons sont conservés au Victoria and Albert Museum de Londres.
Dans une barque chargée de poissons, le Christ est assis et agenouillé devant lui, saint Pierre le supplie les mains jointes.
Dans une seconde barque, les fils de Zébédée tirent un filet rempli de poissons.
Cette composition est classique, en trois plans, premier plan, la terre dont veut s’éloigner Jésus, les trois oiseaux, font écran entre la terre et le lac, les barques sur lesquelles se tiennent les personnages, et enfin l’arrière plan du vaste paysage.
Cette mise en scène est efficace et donne aux personnages le rôle essentiel.
Le texte biblique
Un jour, Jésus se trouvait sur le bord du lac de Génésareth ; la foule se pressait autour de lui pour écouter la parole de Dieu.
Il vit deux barques amarrées au bord du lac ; les pêcheurs en étaient descendus et lavaient leurs filets.
Jésus monta dans une des barques, qui appartenait à Simon, et lui demanda de s'éloigner un peu du rivage. Puis il s'assit et, de la barque, il enseignait la foule.
Quand il eut fini de parler, il dit à Simon : « Avance au large, et jetez les filets pour prendre du poisson. »
Simon lui répondit : « Maître, nous avons peiné toute la nuit sans rien prendre ; mais, sur ton ordre, je vais jeter les filets. »
Ils le firent, et ils prirent une telle quantité de poissons que leurs filets se déchiraient.
Ils firent signe à leurs compagnons de l'autre barque de venir les aider. Ceux-ci vinrent, et ils remplirent les deux barques, à tel point qu'elles enfonçaient.
A cette vue, Simon-Pierre tomba aux pieds de Jésus, en disant : « Seigneur, éloigne-toi de moi, car je suis un homme pécheur. »
L'effroi, en effet, l'avait saisi, lui et ceux qui étaient avec lui, devant la quantité de poissons qu'ils avaient prise ;
et de même Jacques et Jean, fils de Zébédée, ses compagnons. Jésus dit à Simon : « Sois sans crainte, désormais ce sont des hommes que tu prendras. »
Alors ils ramenèrent les barques au rivage et, laissant tout, ils le suivirent.
Lc 5,1-11
Commentaires
Les chapitres 4 et 5 de l’évangile de saint Luc, rapportent la prédication de Jésus dans les villes de Galilée, accompagnée de nombreuses guérisons, et l’appel des premiers disciples lié à cette pêche miraculeuse.
Cet épisode de la pêche miraculeuse n’est pas étranger au thème de l’autorité de la parole de Jésus. En effet, elle commence par la foule qui se presse autour de lui pour écouter la parole de Dieu, se poursuit par l’acceptation de Simon Pierre de faire confiance à la parole de Jésus pour jeter ses filets et culmine avec la parole de Jésus : « désormais ce sont des hommes que tu prendras ».
Ce texte peut être divisé en quatre temps : l’enseignement de Jésus qui se voit obligé de mettre de la distance entre lui et la foule en montant dans la barque de Simon. Puis la pêche en eau profonde sur l’ordre de Jésus. Intervient alors le dialogue entre Simon Pierre et Jésus. La conclusion est brève mais capitale : les trois pêcheurs suivent Jésus pour une autre pêche.
Les pêcheurs ont fini leur travail, ils lavent leurs filets. La barque de Simon ne va pas seulement servir à Jésus pour qu’il s’éloigne, et qu’il reprenne son enseignement.
Mais Jésus demande à Simon d’avancer en eau profonde et à tout l’équipage, de jeter les filets. Le patron de la barque s’y oppose, il sait qu’il ne prendra pas de poissons, mais il obéit à une parole dont il a déjà expérimenté l’efficacité…. et les filets sont tellement pleins qu’ils se déchirent. L’autre barque vient les aider, et les deux barques s‘enfoncent presque !
Puis l’attention se focalise sur Pierre. A la vue du miracle, Simon a la même réaction qu’Isaïe (Is 6,5-6) : un être humain, nécessairement pécheur, ne peut rester en vie dans le voisinage de la puissance divine du Seigneur. L’effroi l’a envahi, lui et ses compagnons, notamment Jacques et Jean ; ce sont les trois qui seront témoins de deux autres signes de la puissance divine (Luc 8,51 ; 9,28).
Mais Jésus leur conseille de ne pas craindre et il ne profère qu’une promesse adressée à Simon seul : « désormais ce sont des hommes que tu prendras » (traduction littérale : « que tu captureras vivants »).