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Centre d'enseignement de théologie à distance

La Transfiguration

 Duccio di Buoninsegna. Maestà La Transfiguration du Christ. 1308-11.    National Gallery, London, UK

Façade arriere de la Maesta,  prédelle

Le siennois Duccio di Buoninsegna   (1255-1260 – vers 1318-1319) fut, avec Giotto son contemporain, l’un de ces esprits novateurs à qui la peinture italienne doit son affranchissement de la tradition byzantine alors décadente. Héritier conscient d’une civilisation figurative au répertoire figé,  il redécouvrit la signification originelle et poétique d’un langage artistique qu’il recréa personnellement, l’enrichissant de son expérience et le reliant aux formes nouvelles de la culture occidentale.

 La Maesta est l’œuvre capitale de Duccio.  Le contrat de commande,  conclu le 4 octobre 1308 entre le fabricien de la cathédrale Jacopo Gilberto Mariscotti et Duccio prévoit que le peintre doit peindre de sa main tout le tableau (« laborabit suis manibus »), en mettant en œuvre tout le talent reçu de Dieu (« pingere et facere dictam tabulam quam melius poterit et sciverit et Dominus sibi largietur »), il doit travailler de façon continue, sans accepter d'autres engagements jusqu'à ce qu'il ait terminé la grande œuvre. Il jure sur l'Evangile qu'il respectera les pactes « bona fide, sine fraude ».

Du point de vue artistique les deux parties, face antérieure et face postérieurs de la Maestà révèlent un Duccio profondément novateur : les personnages de la face principale ont  plus de poids et de solidité, s’individualisent de plus en plus ; la face arrière révèle en lui un maître de la narration, à l’égal de Giotto, de façon moins fraîche cependant dans l’invention iconographique, Duccio se contentant d'utiliser les anciens modèles byzantins pour la plupart de ses scènes du Nouveau Testament.

Le panneau de la Transfiguration figure au dos, sur la prédelle. Sur cette face postérieure,  Duccio a réalisé vingt-six scènes de la Passion du Christ. Alors que la façade principale de l’œuvre est une icône destinée à la pieuse contemplation de la foule, le cycle narratif de la face arrière pourrait avoir été une sorte de commentaire de l'Écriture, visible uniquement à ceux, privilégiés, qui se trouvaient dans le chœur et le déambulatoire.

L'utilisation abondante de l'or dans la scène de la Transfiguration lui confère une atmosphère lumineuse de transparence, bien appropriée à la scène. Au centre le Christ, dans une frontalité parfaite,  debout, immobile dans ses vêtements abondamment soulignés de traits or, vêtements que l’on retrouve dans les scènes après la Résurrection, comme pour souligner le caractère miraculeux et eschatologique de la Transfiguration. Il bénit d’une main et tient le livre de l’Ecriture dans l’autre main.

A ses côtés les deux prophètes Elie et Moïse se prosternent et le montrent de la main, c’est lui qu’ils annoncent, qu’ils attendent,.

A ses pieds les trois apôtres Pierre, Jacques et Jean sont prosternés et aussi montrent le Christ en gloire. Ils ont vu et pourront témoigner, en lien avec les écrits de prophètes.

 

Le texte biblique

  Frères, pour vous faire connaître la puissance et la venue de notre Seigneur Jésus Christ, nous n’avons pas eu recours aux inventions des récits mythologiques, mais nous l’avons contemplé lui-même dans sa grandeur. Car il a reçu du Père l'honneur et la gloire quand est venue sur lui, de la gloire rayonnante de Dieu, une voix qui disait :


Celui-ci est mon Fils bien-aimé,
en lui j'ai mis tout mon amour. 

  Cette voix venant du ciel, nous l'avons entendue nous-mêmes quand nous étions avec lui sur la montagne sainte.
 Et ainsi se confirme pour nous la parole des prophètes ; vous avez raison de fixer votre attention sur elle, comme sur une lampe brillant dans l'obscurité jusqu'à ce que paraisse le jour et que l'étoile du matin se lève dans vos coeurs.

 

2 Pierre 1,16-19

Commentaires

 Ce récit de la 2e lettre de Pierre, que nous avons l’habitude de rapporter à l’épisode de la Transfiguration du Christ, est plutôt un témoignage rendu par le Père à son Fils. Il s’agit ici de contrer les enseignements prodigués par des faux docteurs, considérés comme des inventeurs de  récits mythologiques. Ce mot mythe est chargé d’un sens dépréciatif, comme dans les épîtres pastorales de Paul. Dans la seconde lettre de Pierre, le mot a un sens très général pour condamner les vaines fictions des hérétiques par opposition à la solidité du témoignage apostolique.

D’ailleurs Pierre utilise un terme du vocabulaire des mystères grecs, il a contemplé, en traduction littérale : il a été  témoin oculaire.

 La vision de Pierre a porté sur la puissance et la venue de notre Seigneur. Ce terme de  « venue », traduisant le mot parousia, à la fois « venue » et « présence » donne à la scène un sens d’anticipation : le Christ est présent sur la montagne et il reviendra.

Puis l’auteur de la lettre met l’accent sur la parole de présentation prononcée par Dieu « celui-ci est mon fils bien aimé ».  Ce sont les termes utilisés dans Isaïe 42,1. Celui que Dieu présente est le bien aimé, il est unique.  Quant à la voix divine, voix prophétique, ce sont les apôtres qui l’ont entendue, ils en sont les témoins, à nous de les écouter.

Pierre parle de la parole des prophètes comme celle sur laquelle nous devons fixer notre attention, renforçant la parole des apôtres. Sans  la révélation évangélique la prophétie demeure voilée, mais sans les annonces répétées de l’Ancien Testament, le message du Nouveau perd un appui précieux.

L’image de la lampe dans l’obscurité, met en valeur l’ouverture de la foi vers l’avenir : si lumineux soit-il, le message n’est encore qu’une faible lampe brillant dans un lieu obscur, jusqu’à ce que se lève l’Etoile du matin, image symbolique de la victoire finale du Christ, dont les premiers chrétiens étaient familiers. (Ap 2,28 ; 22,16, ou Nb 24,17 par exemple).

Ainsi  le texte passe de la lumière de la foi reçue par l’audition du témoignage apostolique à la lumière glorieuse du Christ lui-même qui se lèvera dans nos cœurs pour un jour qui n’aura pas de déclin.

 Les prophètes ont bien parlé de la part de Dieu, sous l’action de l’Esprit Saint ; les apôtres rappellent le sens dans lequel il convient d’interpréter l’Ecriture. Ils mettent ainsi en marche la Tradition vivante. Ecriture et Tradition se complètent, ce que souligne la constitution Dei Verbum de Vatican II : « La sainte Tradition et la sainte Ecriture sont donc reliées et communique étroitement entre elles. Car toutes deux, jaillissant d’une source divine identique, ne forment pour ainsi dire qu’un tout et tendent à une même fin » (DV n° 9).

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