En lien avec l'Institut Catholique de Paris et la Conférence des Évêques de France
le Christ, grand prêtre
Rome, sainte Pudentienne : mosaïque de l’abside, décorée d’une mosaïque du IVème siècle représentant
le Christ sur le trône, les apôtres et les saintes Pudentienne et Praxède. Sur
le fond est représentée la Croix, Jérusalem et les symboles des quatre
évangélistes. Vers 390.
Au centre le Christ en majesté : assis sur un
somptueux trône, il est le seul à être doté d’une auréole. Il tient dans la
main un livre ou est inscrit « conservator ecclesiae pudentianae » (
protecteur de l église saint Pudentienne).
A sa droite et a sa gauch,e dix apôtres et deux
femmes apparaissent, l’une représente la synagogue et l’ autre l’ église. Au
dessus de lui, une croix ornée de pierres précieuses se dresse sur le mont
Golgotha : l’empereur Constantin aurait fait orner ainsi ce lieu sacré. De part
et d’autre de la croix quatre animaux
ailées : un homme, un lion, un taureau et un aigle symbolisent les quatre évangélistes. Le Christ est beaucoup plus
grand que les autres personnages , sur son trône imposant en avant de
l’ensemble de la scène, les apôtres et les femmes tendent les mains vers lui en
signe de respect et de louange. Au deuxième plan les murs de la ville de
Jérusalem sur la quelle règne la croix glorieuse, et la Bonne Nouvelle annoncée
par les quatre Evangélistes.
Jésus est intervenu en faveur
de tous les hommes ; homme, il a offert sa vie sur la Croix en sacrifice,
et sa croix est devenue gloire, elle sauve de la mort et apporte le salut
éternel à toute l’humanité.
Le texte biblique
Le grand prêtre est toujours pris parmi les hommes,
et chargé d’intervenir en faveur des hommes dans leurs relations avec Dieu ; il
doit offrir des dons et des sacrifices pour les péchés. Il est en mesure de
comprendre ceux qui pèchent par ignorance ou par égarement, car il est, lui
aussi, rempli de faiblesse ; et, à cause de cette faiblesse, il doit offrir des
sacrifices pour ses propres péchés comme pour ceux du peuple. On ne s’attribue
pas cet honneur à soi-même, on le reçoit par appel de Dieu, comme Aaron. Il en
est bien ainsi pour le Christ : quand il est devenu grand prêtre, ce n’est pas
lui-même qui s’est donné cette gloire ; il l’a reçue de Dieu, qui lui a dit :
Tu es mon Fils,
moi, aujourd’hui, je t’ai engendré
et qui déclare dans un
autre psaume :
Tu es prêtre pour toujours
selon le sacerdoce de Melkisédek.
Pendant les jours de sa vie mortelle, il a présenté,
avec un grand cri et dans les larmes, sa prière et sa supplication à Dieu qui
pouvait le sauver de la mort ; et, parce qu’il s’est soumis en tout, il a été
exaucé.
Bien qu’il soit le Fils, il a pourtant appris
l’obéissance par les souffrances de sa Passion ;
et, ainsi conduit à sa perfection, il est devenu pour
tous ceux qui lui obéissent la cause du salut éternel.
Car Dieu l’a proclamé grand prêtre selon le sacerdoce
de Melkisédek.
Hébreux 5-1,10
Commentaires
La lettre aux Hébreux veut manifester que le rôle que
remplissait le grand prêtre dans l’Ancienne Alliance est désormais parfaitement
et définitivement rempli par le Christ. Ce passage insiste sur les liens du
grand prêtre avec ses frères et sœurs en humanité, et montre comment cela
s’applique au Christ.
Dans l’Ancien Testament on insistait sur la relation
privilégiée du prêtre avec Dieu, il s’agissait d’être prêtre pour Dieu (Ex
28,1 ; 29,1) et cela semblait exiger la rupture des liens de famille (Dt
33,9) et une sévérité impitoyable envers les pécheurs (Ex 32,26-29 ; Nb 25,6-12).
L’auteur de l’épître aux Hébreux renverse la perspective : il affirme que le
prêtre l’est « pour les hommes », tout en démontrant que cet aspect du sacerdoce était déjà
présent dans l’Ancien Testament. Les prêtres étaient alors chargés d’offrir des
sacrifices pour obtenir le pardon des fautes (Lv 4,1-5 ; 16,3-34). Lors de
la cérémonie solennelle du Kippour (le grand pardon), le prêtre offrait un
sacrifice d’expiation pour lui-même et
pour sa maison (Lv 16,6.11), et il en
offrait un autre pour les péchés du peuple (Lv 16,14-16). Il se trouvait donc
en situation de comprendre ceux qui pèchent par ignorance ou par égarement. Le
sacerdoce était un grand honneur, mais cet honneur devait être reçu avec
humilité, c’était un don de Dieu.
Tout cela est appliqué au Christ. C’est son Père qui
l’a nommé grand prêtre. Et le Christ a accueilli ce sacerdoce dans l’humilité.
En fait, la nouveauté de l’Alliance c’est que le Christ est à la fois le grand-prêtre et la victime, car il s’offre
lui-même en se laissant façonner par le Père. Le Christ a offert des demandes
et des supplications avec un grand cri et des larmes ; à Gethsémani Jésus a
accepté de s’en remettre à Dieu et de souffrir la passion et il l’a porté
jusqu’à Dieu dans une prière suppliante.
Dans une attitude de soumission, Jésus laissait à son
Père le soin de décider la façon de l’exaucer. Cette attitude qui faisait de la
prière une offrande, a ouvert la voie à la miséricorde de Dieu : par sa
résurrection Jésus a été sauvé de la mort pour toujours. Ainsi le Christ a-t-il
assumé une nature semblable à la nôtre, une nature humaine qui avait besoin
d’être radicalement transformée pour pouvoir entrer dans l’intimité de Dieu, et
en entrant avec son corps dans le sanctuaire qui est le lieu de cette intimité,
il nous a entraînés avec lui.
La mission sacerdotale de Jésus atteint tous les êtres humains, jusqu’aux
plus grands pécheurs ; il nous transmet le fruit produit par son
obéissance rédemptrice, le salut éternel, victoire définitive sur le mal et la
mort. La perfection du Christ glorifié se révèle ainsi comme la perfection d’un
sacerdoce.