En lien avec l'Institut Catholique de Paris et la Conférence des Évêques de France
Jésus marche sur les eaux
Giotto di Bondone (1266-1337) Jésus marche sur les eaux, réplique de Francesco Berretta , réalisée avant la destruction de la mosaïque placée à l’entrée de saint Pierre. (la mosaïque actuelle date du 17e), Rome, Fabrique de saint Pierre au Vatican.
Cette reproduction de la mosaïque de Giotto donne à voir les diverses réactions des disciples qui regardent depuis le bateau du lac Tibériade, Jésus marchant sur les eaux. Ces réactions sont des manifestations diverses de la frayeur, mains levées, têtes dans les mains, hommes pétrifiés de peur… C’est pour cette raison probablement que la composition de Giotto fut mise en parallèle (par Alberti et Castelvetro) avec celle de Timanthe représentant le sacrifice d’Iphigénie (Pline, Quintilien). Peut-être faut-il ajouter un second trait commun : non seulement les deux tableaux représentent les gradations de la peur, mais ils ont pour objet central la navigation, de sorte que la scène imaginée par Giotto constitue une transposition chrétienne du miracle païen du sacrifice d’Iphigénie.
Deux groupes de personnages en haut de la toile : des hommes auréolés bénissent les disciples et sont là pour les protéger et les aider dans leur future mission. En-dessous deux anges soufflent dans des trompettes, ils soufflent le vent de la tempête ou bien ce sont les trompettes de la victoire pour annoncer la venue du ; christianisme dans le monde entier, sur la rive « opposée », au-delà du cadre de vie habituel des disciples.
Jésus à droite en bas est calme, indifférent à l’eau et à la tempête, il regarde le spectateur, il est le Sauveur, et de la main il appelle et attire Pierre qui voulant rejoindre Jésus, s’enfonce dans l’eau (Mt 14, 22-33). Mais, parce qu’il a touché la main de Jésus, un mouvement de remontée s’amorce ; son regard implorant l’assure du salut.
Le texte biblique
Aussitôt après, Jésus obligea ses disciples à monter dans la barque et à le précéder sur l’autre rive, vers Bethsaïde, pendant que lui-même renvoyait la foule.
Quand il les eut congédiés, il s’en alla sur la montagne pour prier.
Le soir venu, la barque était au milieu de la mer et lui, tout seul, à terre.
Voyant qu’ils se débattaient avec les rames, car le vent leur était contraire, il vient à eux vers la fin de la nuit en marchant sur la mer, et il allait les dépasser.
En le voyant marcher sur la mer, les disciples crurent que c’était un fantôme et ils se mirent à pousser des cris, car tous l’avaient vu et ils étaient bouleversés. Mais aussitôt Jésus leur parla : « Confiance ! c’est moi ; n’ayez pas peur ! » Il monta ensuite avec eux dans la barque et le vent tomba ; et en eux-mêmes ils étaient complètement bouleversés de stupeur, car ils n’avaient pas compris la signification du miracle des pains : leur cœur était aveuglé.
Marc 6,45-52
Commentaires
L’épisode de la marche de Jésus sur les eaux suit celui de la multiplication des pains ; deux manifestations par lesquelles Jésus tente de faire comprendre qui il est , ce que les disciples ne peuvent réaliser malgé les signes donnés.
Jésus demande aux disciples d’aller sur l’autre rive, vers Bethsaïde, frontière entre Israel et le territoire des païens. C’est une terre inhospitalière, mais Jésus les pousse à une mission vers la païens.
Jésus, lui, s’éloigne pour prier, et cela augure un événement décisif.
Les disciples ont donc embarqué, ils se trouvent seuls, isolés, sans Jésus, dans la nuit. Cela fait présager qu’un jour les disciples seront laissés à eux-mêmes pour continuer la mission. Mais quand les éléments se déchaînent, Jésus vient à eux, de façon mystérieuse, ses pas foulent les eaux. Jésus seul peut dompter les forces de la nature, du mal, de la Mort.
Une vraie expérience de foi pour les disciples, et pour les premiers chrétiens. Pris dans la tourmente de la persécution romaine ou dans d’autres difficultés, ils sont tentés par le découragement. Le Christ est parti vers le Père (comme il s’est éloigné pour prier sur la montagne). Mais il fait sentir sa présence efficace. Le sauveur est bien là, vivant pour sauver les hommes du péril.
Les disciples sont troublés. N’est-ce pas un fantôme ? Sa « vue » les saisit d’effroi, comme ce sera le cas lors des apparitions pascales. Jésus s’identifie. L’expression « c’est moi » est très forte en grec. Elle évoque Dieu lui-même, puisqu’elle est identique au « nom » de Dieu révélé à Moïse, ou martelé dans le livre d’Isaïe : « moi, je suis » (Ex 3,14 ; Isaïe 45,5.6.7.8.18.21 etc.). Jésus laisse ainsi entendre qu’il est la présence même de Dieu qui vient les sauver. Jésus monte dans la barque et la tempête s’apaise.
Comme dans l’épisode de la tempête apaisée (4,35-41) la marche sur les eaux montre la certitude qui habite l’Eglise dans les adversités qu’elle traverse : le Christ ressuscité vient à son secours. Mais une question demeure : saura-t-elle toujours le reconnaître dans le partage du pain ?