En lien avec l'Institut Catholique de Paris et la Conférence des Évêques de France
Lettre de Paul aux Corinthiens
Feuillet d'un dyptique : Saint Paul vers 420-430, Musée du Louvre
Saint Paul est assis au centre, imposant, un rouleau à la main : il est envoyé pour annoncer l’Evangile. . Il est le premier à évangéliser la ville de Corinthe, il dit lui-même que c’est lui qui a posé les fondations de l’église de Corinthe. De l’autre main il fait le geste de bénédiction. L’Eglise est représentée par la construction au sein de la quelle il est installé. Deux croix donnent le caractère chrétien à cet édifice. A coté de lui d’autres « ministres », également envoyés de Dieu, tiennent d’une main un livre et de l’autre témoignent de ce que dit Paul.
La partie inférieure du diptyque est occupée par des hommes en action, dans le cadre de leur vie, campagne, fleurs, roseaux liés. Ils écoutent la parole de Paul. Ne sont-ils pas le champ de Dieu ?
Le texte biblique
Frères, quand je me suis adressé à vous, je n'ai pas pu vous parler comme à des spirituels, mais seulement comme à de faibles êtres de chair, comme à des enfants dans le Christ. C'est du lait que je vous ai donné, et non de la nourriture solide ; vous n'auriez pas pu en manger, et encore maintenant vous ne le pouvez pas, car vous êtes encore des êtres de chair. Puisqu'il y a entre vous des jalousies et des disputes, n'êtes-vous pas toujours des êtres de chair, et n'avez-vous pas une conduite tout humaine ? Quand l'un de vous dit : « Moi, j'appartiens à Paul », et un autre : « J'appartiens à Apollos », n'est-ce pas un langage tout humain ? En fait, qui est Apollos ? et qui est Paul ? Rien que des ministres de Dieu, par qui vous êtes devenus croyants, et qui ont agi selon les dons du Seigneur à chacun d'eux. Moi, j'ai planté, Apollos a arrosé ; mais c'est Dieu qui donnait la croissance. Donc celui qui plante ne compte pas, ni celui qui arrose ; seul compte celui qui donne la croissance : Dieu. Entre celui qui plante et celui qui arrose, il n'y a pas de différence, mais chacun recevra son salaire suivant la peine qu'il se sera donnée. Nous sommes les collaborateurs de Dieu, et vous êtes le champ de Dieu
1 Co 3,1-9a
Commentaires
Paul voudrait amener les Corinthiens à s’ouvrir à la sagesse de Dieu. Dieu l’a fait connaître à ses prédicateurs par l’Esprit, mais la vie des Corinthiens est encore trop « charnelle » incapable de s’ouvrir à l’action de l’Esprit.
Chez Paul le mot « chair » s’entend de plusieurs façons : la chair désigne d’abord la condition humaine dans sa précarité et avec ses limites. Mais Paul emploie aussi ce mot avec un sens péjoratif, pour désigner l’ensemble des tendances égoïstes et des passions qui rendent l’homme esclaves du péché en ce sens la chair s’oppose à l’Esprit. Or, les chrétiens de Corinthe se divisaient en coteries en se rattachant chacun à un apôtre qui leur paraissait plus « charismatique », meilleur orateur, ou philosophe plus brillant qu’un autre : les uns se réclamaient d’Apollôs, d’autres de Paul ; ils rivalisaient entre eux et se méprisaient mutuellement. Avec une certaine ironie Paul répond à ces passionnés du « bel esprit » qu’ils sont des charnels et qu’ils ne peuvent rien comprendre de la sagesse de Dieu !
Paul invite ses lecteurs à un approfondissement spirituel de l’Evangile, découvert comme la sagesse de Dieu : cette sagesse n’est autre que le Christ crucifié qui a donné sa vie pour tous. Les Corinthiens ne peuvent pas entendre la sagesse divine, non à cause d’une déficience intellectuelle, mais en raison de leur comportements, des rivalités, des disputes, des jalousies entre eux.
Paul affirme avec force que les apôtres ne sont que des ministres, c’est-à-dire des serviteurs, qui exercent une mission confiée par le Seigneur. Leur rôle est d’annoncer Jésus-Christ et d’appeler les Corinthiens à la foi. Mais l’Eglise de Corinthe est l’œuvre de Dieu qui n’est pas présenté comme le premier moteur, mais comme Celui qui accompagne la croissance de son peuple pour le conduire jusqu’à lui ; les Corinthiens sont le « champ » de Dieu, soigné de manière incessante et attentive par Dieu lui-même. Les apôtres coopèrent à l’œuvre de Dieu, mais à travers eux, c’est Dieu qui agit intérieurement et dont l’Esprit fait croître l’Eglise de Corinthe.