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Centre d'enseignement de théologie à distance

Saint Etienne

CARPACCIO Vittore (1460-1526)- La prédication de Saint-Etienne à Jérusalem, 1514 ,musée du Louvre

Ce tableau appartient à une série de cinq tableaux consacrés à la vie de saint Etienne et peints pour la salle supérieure de la Scuola di Santo Stefano à Venise entre 1511 et 1520.

La scène se passe sur l’esplanade de Jérusalem. La ville est représentée dans la partie supérieure du tableau tandis qu’au premier plan les personnages sont regroupés autour d’Etienne juché sur un haut piédestal, il se dresse tel un sémaphore, portant le costume de diacre, allusion à la désignation des 7 ministres nommés par les apôtres. Son visage est juvénile, calme, « plein de la grâce de Dieu ».

A sa gauche deux personnages de dos, coiffés de turbans ottomans et richement vêtus
Ce sont des turcs qui cachent dans leurs mains la lettre mensongère qui conduira le prédicateur à la mort ; Luc ne parle pas de l’origine des faux témoignages. Carpaccio fait preuve de ruse vis à vis des vénitiens pour qui il a réalisé cette série de tableaux sur saint

Etienne : ainsi il ne peut incriminer les juifs dont les finances sont fort appréciés par les banquiers vénitiens ! mais il peut vilipender d’autres personnages, pernicieuse propagande dans le petit monde de Venise. Dès lors l’adversaire, pire que le juif, c’est le musulman.

Sur la droite d’Etienne la foule est représentée en une courbe qui reprend la courbe des
monuments de la ville, qui sert d’auréole au saint.

Quatre femmes fixent le prédicateur, comme en extase, devant la parole et les exploits d’Etienne. Elles portent la même coiffure, représentent la multiplication des femmes. Une cinquième femme se cache derrière son voile blanc, s’agit-il d’un mouvement de recul ou bien est-elle absorbée par un songe lumineux à l’écoute des paroles d’Etienne ?
Elles sont encadrées par la haie des sept hommes debout, dans des costumes variés montrant les origines diverse des auditeurs d’Etienne.
En bas enfin, à l’avant du tableau et juste au-dessous d’Etienne, des débris de pierres annoncent sa lapidation.

Le texte biblique

Étienne, qui était plein de la grâce et de la puissance de Dieu, accomplissait parmi le peuple des prodiges et des signes éclatants. Un jour, on vit intervenir les gens d'une synagogue (la synagogue dite des esclaves affranchis, des Cyrénéens et des Alexandrins) et aussi des gens originaires de Cilicie et de la province d'Asie. Ils se mirent à discuter avec Étienne, mais sans pouvoir tenir tête à la sagesse et à l'Esprit Saint qui inspiraient ses paroles. Alors ils soudoyèrent des hommes pour qu'ils disent : « Nous l'avons entendu prononcer des paroles blasphématoires contre Moïse et contre Dieu. » Ils ameutèrent le peuple, les anciens et les scribes, ils allèrent se saisir d'Étienne, et l'amenèrent devant le grand conseil. Ils présentèrent de faux témoins, qui disaient : « Cet individu ne cesse pas de parler contre le Lieu saint et contre la Loi. Nous l'avons entendu affirmer que ce Jésus, le Nazaréen, détruira le Lieu saint et changera les lois que Moïse nous a transmises. » Tous ceux qui siégeaient au grand conseil avaient les yeux fixés sur Étienne, et son visage leur apparut comme celui d'un ange.
Ac 6,8-15

Commentaires

Nous continuons à lire des textes sur la vie de la première communauté, et les difficultés qu’elle connaît pour annoncer la bonne nouvelle. L’ensemble des chapitres 6 à 8 ,8, rapporte les activités d’Etienne, son arrestation, ses discours et sa lapidation.
Etienne est un des sept nouveaux ministres « remplis de l’Esprit et de sagesse », choisis parmi les juifs hellénistes convertis au christianisme, nommés par les douze apôtres pour répandre la bonne nouvelle.( Ac 6,1-7). Il annonce la parole de Dieu en accomplissant parmi le peuple des prodiges et des signes éclatants, ce qui l’assimile aux apôtres eux-mêmes (Ac 2,43 ;5,12).
Luc présente la scène avec précision, il évoque la vie religieuse intense de Jérusalem : la synagogue des esclaves affranchis, des cyrénéens et des alexandrins ainsi que les autres auditeurs venus de Cilicie et de la province d’Asie. Les affranchis ont été expulsés de Rome où leurs pères avaient été déportés comme esclaves par Pompée maître de la Judée (63 av JC). Des pèlerins ou rapatriés sont issus des colonies juives les plus importantes : Cyrène (d’où provenait Simon qui a été réquisitionné pour porter la croix du Christ), Alexandrie qui selon Philon aurait compté un million de juifs, la Cilicie où était né Saul ( Paul) ou l’Asie dont la capitale Ephèse abrite elle aussi une juiverie riche et nombreuse.
Ces juifs devaient avoir une certaine affinité culturelle avec Etienne.
Mais ils sont incapables de tenir tête à Etienne en raison de la sagesse irrésistible qui lui est donnée par l’Esprit Saint . Aussi ont-ils recours à la calomnie, arme faible et lâche. Etienne est accusé de blasphème, victime de délation de faux témoins comme Jésus (Mc 14,56ss). De plus l’accusation d’avoir parlé contre le Lieu saint rappelle exactement le faux témoignage contre Jésus rapporté par Marc. Celle de violer la loi de Moïse a été également portée contre Jésus (Lc 6,2). Les deux accusations seront plus loi portées contre Paul (Ac 21,28).
Le dernier verset de notre passage est l’écho des paroles de Jésus sur la destruction du Temple.
Devant le Sanhédrin, Etienne apparaît avec un visage semblable à celui d’un ange. Est-ce une évocation de Moïse descendant du Sinaï (Ex 34,35) ? Moïse joue un rôle central dans le discours d’Etienne qui suit. Ne faut-il pas aussi penser à la transfiguration de Jésus (Lc 9,29) ? La remarque anticipe sur la vision finale qui sera accordée au premier martyr chrétien (v. 55ss) ; le mot grec « martyr » signifie d’abord « témoin » : Etienne mourra en imitant le Christ dont il est le premier témoin.


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