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Centre d'enseignement de théologie à distance

Le jeûne qui plait au Seigneur

Nicolas Poussin (1594-1665), Diogène jetant son écuelle, 1648, Musée du Louvre

Le philosophe cynique Diogène se dépouille toujours plus en renonçant à son écuelle pour ne plus boire que dans sa main, comme il le voit faire à un jeune homme.
Ce tableau est en général compris comme une magnifique chef d’œuvre de paysage, coloris, articulation des différents plans, les reflets de l’eau, la lumière, etc Paradoxalement c’est la profondeur du tableau qui attire le regard par sa lumière, tandis que les personnages du premier plan restent dans l’ombre, le reflet de l’eau rappelant faiblement celui, lumineux, du fleuve
Au delà de la description de la nature, son abondante végétation, il y a cette dimension morale qui s'accorde parfaitement avec les idées stoïciennes que Poussin, grand lecteur de Montaigne, développe dans les années 1650. Diogène tourne le dos à la ville, à la civilisation comme pour se soumettre aux simples lois de la nature.
Ainsi Diogène veut pousser le jeûne à son paroxysme. A quoi cela lui sert-il ? il tourne le dos à la ville, à la civilisation. il est seul dans une nature immense. Ses exploits ascétiques ne sont que pour lui-même. Pas de prochain, pas de joie à partager, pas d’amour à donner. Est-ce cela qui plait à Dieu ?

Le texte biblique

Cette nouvelle division du livre d’Isaïe commence en montrant le peuple qui jeûne et s’afflige. Au chapitre précédent il était écrit que le Seigneur était proche de celui qui est abattu : « haut placé et saint je demeure, tout en étant avec celui qui est broyé et qui en son esprit se sent rabaissé pour rendre vie à l’esprit des gens rabaissés, pour rendre vie au cœur des gens broyés » (57, 15).

Ici il y a un développement significatif : Dieu ne se contente pas de simples formes religieuses extérieures, ni de pieuses déclarations ; elles n’ont rien à faire avec le fruit des lèvres que Dieu lui-même inspire. Pour qui est-ce que tout cela, est-ce bien pour Dieu ?
« Dis à tout le peuple du pays et aux prêtres : quand vous avez jeûné, avec des lamentations, au cinquième et au septième mois, et cela depuis soixante dix ans, ce jeûne l’avez vous pratiqué pour moi ? et quand vous mangiez et buviez, n’était-ce pas pour vous-même que vous mangiez et buviez ? « (Za 7,5-6).

Derrière une façade de piété et parfois d’austérité, quel but l’homme poursuit-il ? plaisir, dureté, égoïsme, contestation des querelles, les jugements et les critiques. Les vraies exigences de Dieu sont différentes : rompre avec l’habitude du péché, ces chaînes qui nous tiennent au pouvoir de l’Ennemi, et cela, pour pratiquer l’amour des autres dans toutes les occasions.

« Cherchez d'abord le Royaume de Dieu et sa justice, et tout le reste vous sera donné en plus ». Ce jeûne creuse en nous le désir de Dieu. Il ne s'agit donc pas d'accomplir des prouesses ascétiques, mais de nous préparer à recevoir Celui qui en se donnant, nous donne tout. Il suffit d’accueillir et de donner.

Commentaires

Crie à pleine gorge ! Ne te retiens pas !
Que ta voix résonne comme le cor !
Dénonce à mon peuple ses fautes,
à la maison de Jacob ses péchés.
Ils viennent me consulter jour après jour,
ils veulent connaître mes chemins.
Comme une nation qui pratiquerait la justice
et n'abandonnerait pas la loi de son Dieu,
ils me demandent de leur faire justice,
ils voudraient que Dieu se rapproche.
« Pourquoi jeûner si tu ne le vois pas ?
pourquoi nous mortifier si tu l'ignores ? »
Oui, mais le jour où vous jeûnez,
vous savez bien trouver votre intérêt,
et vous traitez durement ceux qui peinent pour vous.
Votre jeûne se passe en disputes et querelles,
en coups de poings sauvages.
Ce n'est pas en jeûnant comme vous le faites aujourd'hui
que vous ferez entendre là-haut votre voix.
Est-ce là le jeûne qui me plaît ?
Est-ce là votre jour de pénitence ?
Courber la tête comme un roseau,
coucher sur le sac et la cendre,
appelles-tu cela un jeûne,
un jour bien accueilli par le Seigneur ?
Quel est donc le jeûne qui me plaît ?
N'est-ce pas faire tomber les chaînes injustes,
délier les attaches du joug,
rendre la liberté aux opprimés,
briser tous les jougs ?
N'est-ce pas partager ton pain avec celui qui a faim,
recueillir chez toi le malheureux sans abri,
couvrir celui que tu verras sans vêtement,
ne pas te dérober à ton semblable ?
Alors ta lumière jaillira comme l'aurore,
et tes forces reviendront rapidement.
Ta justice marchera devant toi,
et la gloire du Seigneur t'accompagnera.
Alors, si tu appelles, le Seigneur répondra ;
si tu cries, il dira : « Me voici. »

Is 58, 1-9a

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