En lien avec l'Institut Catholique de Paris et la Conférence des Évêques de France
La souffrance et la gloire de Dieu
Matthias Grunewald, retable d’Issenheim 1515 musée d'Unterlinden, Colmar
Grunewald traite de la gloire de la résurrection de Jésus d’une manière saisissante.
Il délaisse la description naturaliste de la sortie du tombeau au profit de l'expression d'un mouvement puissant. Seule l'extrémité du linceul est encore dans le tombeau ouvert tandis que Christ s'élance en l'air, comme libéré de toute attache terrestre. La lumière jaillissant de ses mains, de ses pieds et du côté, il apparaît dans un halo doré.
Le peintre joue sur le symbolisme des couleurs et la gestuelle . bleu et blanc et rouge sont les couleurs de la transformation, de la transmutation de la matière, impression d’immatérialité du corps qui s’élève opposé à la chute des gardiens.
Les hommes, les gardiens sont terrassés au sol, toujours dans leur souffrance terrestre, mais la gloire de Dieu se manifeste, la nature participe à cette gloire par le soleil resplendissant qui illumine le reste du monde encore plongé dans l’obscurité.
Le texte biblique
Ce passage célèbre la glorification du chrétien à laquelle la création est associée. La gloire est conçue comme un bien à venir, tout à la fois espéré et déjà considéré comme un don accordé aux chrétiens. La gloire est le don de Dieu par excellence, qui communique sa propre vie aux hommes. Le chrétien est destiné à être glorifié, c’est à dire entièrement pénétré de la vie même de Dieu.
L’attente de Paul est orientée vers la gloire des enfants de Dieu comme libération de tous les esclavages, notamment de celui du péché et de la mort.. Or, la création à cause de l’homme, est soumise à la corruption : elle gémit dans les douleurs de l’enfantement, en attendant la libération des hommes devenus fils de Dieu. Paul souligne fortement le lien entre l’homme et le monde qui l’entoure. Le monde doit devenir « nouvelle création » (2 Cor 5,17), le salut a une dimension cosmique.
Le salut n’est pas encore acquis, aussi la création crie-t-elle sa souffrance ; les chrétiens crient également, ils crient vers Dieu pour qu’advienne en eux et autour d’eux le monde nouveau. Nous apprenons alors que Dieu ne nous a pas laissés seuls dans cette angoisse, il nous a donné son Esprit qui déjà agit en nous. Les versets qui suivent notre texte nous apprendront que l’Esprit nous accompagne et nous soutient jusque dans nos cris et notre prière, car si nous ne savons pas prier, l’Esprit, lui, s’adresse à Dieu en gémissements inexprimables, et il est entendu de Dieu.
Notre vie peut donc être portée par l’espérance, espérance que soutient en nous l’Esprit de Dieu ; l’espérance demeure et nous garde lorsque tout devient opaque et obscur ; et si nous ne voyons pas le but et le salut, elle atteste que nous pouvons continuer à l’attendre avec confiance et persévérance.
Commentaires
Frères, J'estime donc qu'il n'y a pas de commune mesure entre les souffrances du temps présent et la gloire que Dieu va bientôt révéler en nous. En effet, la création aspire de toutes ses forces à voir cette révélation des fils de Dieu. Car la création a été livrée au pouvoir du néant, non parce qu'elle l'a voulu, mais à cause de celui qui l'a livrée à ce pouvoir. Pourtant, elle a gardé l'espérance d'être, elle aussi, libérée de l'esclavage, de la dégradation inévitable, pour connaître la liberté, la gloire des enfants de Dieu.
Nous le savons bien, la création tout entière crie sa souffrance, elle passe par les douleurs d'un enfantement qui dure encore. Et elle n'est pas seule. Nous aussi, nous crions en nous-mêmes notre souffrance ; nous avons commencé par recevoir le Saint-Esprit, mais nous attendons notre adoption et la délivrance de notre corps. Car nous avons été sauvés, mais c'est en espérance ; voir ce qu'on espère, ce n'est plus espérer : ce que l'on voit, comment peut-on l'espérer encore ? Mais nous, qui espérons ce que nous ne voyons pas, nous l'attendons avec persévérance.
Rm 8,18-25