En lien avec l'Institut Catholique de Paris et la Conférence des Évêques de France
2e dimanche de carême : la transfiguration
Plaque d’ivoire byzantine, 10e, (Victoria and Albert Museum, Londres) : sur le sommet d’une montagne boisée, Jésus, dans une nuée, converse avec Moïse et Elie tandis que les trois disciples, Pierre, Jacques et Jean sont terrifiés. Soit ils regardent soit ils se voilent la face. Seule l’auréole de Jésus porte déjà la croix. La nuée a la forme d’une mandorle décorée d’un chrisme (symbole pour Jésus Christ), qui pourrait symboliser des rayons de lumière.
Le texte biblique
La Transfiguration donne à voir la gloire de Jésus. Luc montre la scène comme une véritable théophanie : Jésus se manifeste comme Seigneur dans la gloire, gloire qu’il atteindra au terme de son exode, de sa traversée de la mort, de son passage vers la vie ; mais cette gloire est déjà présente aux yeux de ceux à qui Dieu la révèle.
La vision toute entière est sous le signe de la gloire comme lieu de la présence de Dieu. C’est au cours de sa prière que Jésus va apparaître « autre » aux disciples, car sa prière est le lieu de l’intimité la plus extrême avec Dieu. Comme la gloire de Dieu s’était établie sur le Sinaï (Ex 24, 16-17), la gloire enveloppe d’abord Moïse et Elie, puis Jésus avec eux. Au cœur de la gloire, c’est de son « exode » que parlent Moïse et Elie, « ils parlaient de son départ qui allait se réaliser à Jérusalem ». Jésus va reprendre à son compte tout ce qu’a vécu Israël, s’inscrire dans la continuité de l’histoire de salut ouverte par la sortie d’Egypte et, en même temps lui donner une dimension inouïe, car celui qui va faire son exode vers Jérusalem pour traverser la mort est déjà du côté de Dieu dans la gloire. Exode et gloire s’articulent et se répondent.
Ainsi il est donné aux disciples de contempler et d’entendre qui est celui qu’ils accompagnent : la nuée qui les couvre de son ombre, évoque la présence de Dieu dans la nuée sur la montagne du Sinaï. La voix venue de la nuée fait écho à celle du baptême, comme pour désigner Jésus en croix (Lc 13,35).
C’est le dernier épisode du ministère de Jésus en Galilée : une vison extraordinaire réservée aux disciples. Mais au moment où Jésus est reconnu comme un grand prophète, il annonce de façon explicite ses souffrances et sa mort. La Transfiguration n’annonce pas seulement sa résurrection, elle permet aussi d’affirmer, que celui qui va prendre la route de Jérusalem pour y mourir est le Fils bien-aimé de Dieu, son « élu » . Le disciple croyant qui marche à sa suite sait désormais qu’il peut garder confiance jusqu’au bout de la route.
Commentaires
Jésus prit avec lui Pierre, Jean et Jacques, et il alla sur la montagne pour prier. Pendant qu'il priait, son visage apparut tout autre, ses vêtements devinrent d'une blancheur éclatante, Et deux hommes s'entretenaient avec lui : c'étaient Moïse et Elie, apparus dans la gloire. Ils parlaient de son départ qui allait se réaliser à Jérusalem. Pierre et ses compagnons étaient accablés de sommeil ; mais, se réveillant, ils virent la gloire de Jésus, et les deux hommes à ses côtés. Ces derniers s'en allaient, quand Pierre dit à Jésus : « Maître, il est heureux que nous soyons ici. Dressons trois tentes : une pour toi, une pour Moïse et une pour Elie ». Il ne savait pas ce qu'il disait. Pierre n'avait pas fini de parler, qu'une nuée survint et les couvrit de son ombre ; ils furent saisis de frayeur lorsqu'ils y pénétrèrent. Et, de la nuée, une voix se fit entendre : « Celui-ci est mon Fils, celui que j'ai choisi, écoutez-le ». Quand la voix eut retenti, on ne vit plus que Jésus seul. Les disciples gardèrent le silence et, de ce qu'ils avaient vu, ils ne dirent rien à personne à ce moment-là.
(Lc, 9,28-36)