En lien avec l'Institut Catholique de Paris et la Conférence des Évêques de France
9. Ecouter les paroles de Jésus sur la croix
Georges-Henri Rouault, 1871-1958, Ecce Homo, 1942-1943 Staatsgalerie Stuttgart
Georges Rouault
Georges Rouault, peintre contemporain du Cubisme, de l’Expressionnisme et du Fauvisme, revendique de rester indépendant de ces différents mouvements artistiques.
Au début de sa carrière, il produit des œuvres dont les thèmes sont liés à une observation critique de la société : juges, avocats, miséreux, émigrés, fugitifs, reflet d’une révolte face à la misère humaine.
En 1904, il fait connaissance de Léon Bloy (1846-1917), écrivain dont les œuvres sont animées par la défense des pauvres, la dignité de l’homme, l’amour de Dieu et la figure du Christ. Il fréquente également, à Versailles, le philosophe catholique Jacques Maritain (1882-1973).
Rouault, profondément catholique, reconnaît dans l’humanité souffrante le visage du Christ qu’il recherche dans de nombreuses toiles évoquant la Passion.
Ecce Homo
Dans cet « Ecce Homo », Rouault évoque l’idée de la rédemption par la présence du soleil éclatant et de l’horizon marin jaune vif .
La figure du Christ telle celle d’un martyr, son corps meurtri et couvert de sang, brille de manière surnaturelle.
Les couleurs multicouches, les contours noirs et l’éclat des couleurs de fond révèlent la connaissance qu’avait Rouault du vitrail médiéval, connaissance qu’il avait acquise lors de sa première formation de peintre sur vitrail à l’Ecole Nationale Supérieure des arts décoratifs.
Avec cette représentation du Christ, Rouault a créé une image de méditation moderne qui combine la mystique de la peinture d’icônes orientales avec l’expressivité primitive du fauvisme.
Le texte biblique
Lecture du Psaume 30
En toi, Seigneur, j’ai mon refuge ;
garde-moi d’être humilié pour toujours.
En tes mains je remets mon esprit ;
tu me rachètes, Seigneur, Dieu de vérité.
Je suis la risée de mes adversaires
et même de mes voisins ;
je fais peur à mes amis,
s’ils me voient dans la rue, ils me fuient.
On m’ignore comme un mort oublié,
comme une chose qu’on jette.
J’entends les calomnies de la foule :
ils s’accordent pour m’ôter la vie.
Moi, je suis sûr de toi, Seigneur,
je dis : « Tu es mon Dieu ! »
Mes jours sont dans ta main : délivre-moi
des mains hostiles qui s’acharnent.
Sur ton serviteur, que s’illumine ta face ;
sauve moi par ton amour.
Soyez forts, prenez courage,
vous tous qui espérez le Seigneur !
Ps 30 (31), 2ab.6, 12, 13-14ad, 15-16, 17.25)
Commentaire
Saint Bernard de Clairvaux
Ceux qui ont crucifié le Seigneur étaient de grands pécheurs, mais ils étaient faibles en jugement. Maintenant, que sont-ils, sinon des malheureux ? Cependant des malheureux dont il faut avoir pitié.
La preuve en est dans la douce supplication de celui qui, souffrant sur la croix ne cessait de compatir et disait : « Père, pardonne leur ».
II a dit : « Mon Père, pardonne leur, car ils ne savent pas ce qu’ils font » (Lc 23,34). C’est un mot irrévocable que tu as prononcé là, Seigneur ! Ta parole ne reviendra pas à toi sans avoir produit son effet, mais elle s’accomplira !
J’aperçois le bon larron qui s’accuse, le Christ l’excuse ; et le Seigneur lui fait cette promesse : « Aujourd’hui tu seras avec moi dans le paradis » ! (Lc 23, 43).
« Alors, inclinant la tête, celui qui s’est fait obéissant jusqu’à la mort remit l’Esprit » (Jn 19, 30).
Quel homme peut-il s’endormir ainsi à son gré dans les bras de la mort ? Sans doute la mort est la plus grande défaillance, mais vraiment, mourir ainsi, quelle puissance !
Jésus, mon Seigneur a voulu encore qu’on lui perce le côté droit (Jn 19, 34), parce qu’il voulait de ce côté-là épancher sur nous sa grâce, et à sa droite nous préparer un refuge. Puissé-je, telle la colombe, habiter le creux du rocher, dans l’ouverture du côté droit de Jésus-Christ !
Le secret de son cœur apparaît par les ouvertures de son corps !
Bernard de Clairvaux, sermon pour le vendredi saint